Des tirailleurs sénégalais marchant en direction du front, Meuse 27 juillet 1916/ ECPAD Défense
Le 19 février 2025, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a annoncé le début de fouilles à Thiaroye, un site emblématique du massacre de tirailleurs survenu le 1er décembre 1944. Ces fouilles visent à identifier des fosses communes où pourraient être enterrés les soldats tués par l’armée française alors qu’ils réclamaient leurs primes de démobilisation. L’objectif est de faire la lumière sur le bilan exact de cet épisode tragique de l’histoire coloniale du Sénégal.
Depuis une dizaine de jours, une équipe d’archéologues sénégalais, en collaboration avec des membres de l’armée, a commencé à explorer le cimetière militaire de Thiaroye, où des victimes du massacre sont présumées avoir été inhumées, ainsi que l’ancien camp militaire situé en banlieue de Dakar. Les chercheurs sondent le sol pour localiser d’éventuelles fosses communes ou des squelettes, une tâche complexe qui pourrait prendre du temps.
Une des questions cruciales à laquelle les fouilles tenteront de répondre est de savoir si les tombes du cimetière militaire de Thiaroye sont effectivement vides ou si des tirailleurs y ont été enterrés. Actuellement, les archives de l’armée française évoquent 35 morts, tandis que des historiens spécialisés estiment que le nombre de victimes pourrait dépasser les 350.
Plus de 80 ans après les faits, cette initiative revêt une importance capitale. Le travail a été confié à des archéologues de l’Université Cheikh Anta Diop, sous la direction de Mamadou Diouf, président du comité scientifique. Ce dernier a précisé qu’il n’y a pas de limite de temps pour ces fouilles, ce qui témoigne de la volonté de mener une enquête approfondie.
Les résultats de ces fouilles seront consignés dans un livret blanc qui sera remis au président du Sénégal dans les semaines à venir, mais qui restera confidentiel jusqu’à sa publication. Ce livret blanc aura pour mission de répondre à trois questions essentielles : « Que s’est-il passé ? Quelles sont les lacunes qui subsistent pour comprendre les événements ? Et que faut-il faire à l’avenir pour obtenir un maximum d’informations ? »
Cette démarche s’inscrit dans un effort plus large de réconciliation et de reconnaissance des injustices du passé, et pourrait contribuer à une meilleure compréhension de l’histoire coloniale du Sénégal et de ses conséquences sur la société actuelle.
Thom Biakpa