Le Niger fait face à des attaques jihadistes meurtrières dans la région de Tillabéri, selon HRW / Wikimedia
L’ONG Human Rights Watch (HRW) a lancé un cri d’alarme, ce mercredi 10 septembre, appelant les autorités nigériennes à intensifier leurs efforts pour protéger les civils de la région du Tillabéri, dans l’ouest du pays. Cette région subit depuis mars une vague d’attaques meurtrières perpétrées par l’État islamique au Sahel (EIS).
Le Niger se trouve en proie à des violences jihadistes, notamment de la part de Boko Haram dans la région du lac Tchad à l’est, ainsi que de groupes associés à Al-Qaida et à l’EIS dans l’ouest, près des frontières du Burkina Faso et du Mali, également touchés par ces violences. Selon HRW, l’EIS aurait “exécuté sommairement” plus de 127 villageois et musulmans au cours de cinq attaques depuis mars.
Une attaque dévastatrice dans une mosquée
L’un des incidents les plus tragiques a eu lieu le 21 juin, lorsqu’une mosquée du village de Manda a été attaquée. Les jihadistes ont ouvert le feu sur les fidèles, tuant plus de 70 personnes. Une rescapée, âgée de 77 ans, témoigne : “Il y avait des corps partout, les uns sur les autres. J’ai perdu trois fils dans cette attaque.” Les récits recueillis révèlent aussi des scènes horribles, avec des corps d’enfants criblés de balles.
Ces attaques, bien qu’aucune revendication n’ait été effectuée, portent la signature des jihadistes de l’EIS, identifiables grâce à leurs turbans à bandes rouges. Des habitants ont rapporté que, précédant chacune de ces attaques, l’EIS avait menacé les communautés, les accusant de collaborer avec l’armée nigérienne.
Failles dans la réponse militaire
HRW révèle également que l’armée nigérienne n’a pas réagi de manière adéquate face aux avertissements préalables, négligeant les demandes de protection formulées par les villageois. “Malgré les alertes répétées, l’armée échoue constamment à garantir la sécurité des habitants”, déclare Ilaria Allegrozzi, chercheuse sur le Sahel pour HRW. Elle insiste sur le besoin urgent pour les autorités nigériennes de se mobiliser afin de protéger les civils des “atrocités” commises par les groupes armés islamistes.
L’ONG souligne que ces actes sont en violation flagrante du droit international humanitaire et constituent des crimes de guerre manifeste. HRW appelle donc les autorités à engager des poursuites appropriées contre les responsables de ces atrocités. D’après l’ONG Acled, qui recense les victimes de conflits à travers le monde, environ 1.600 civils nigériens ont perdu la vie aux mains de l’EIS depuis le coup d’État militaire de juillet 2023.
Face à cette situation alarmante, la communauté internationale et les autorités doivent agir rapidement pour protéger les civils et restaurer la paix dans cette région troublée.
Thom Biakpa