Une mère embrasse sa fille le 25 juillet 2021 après sa libération avec 27 autres élèves suite à leur enlèvement dans un internat dans le nord-ouest de l’État de Kaduna, au Nigeria / AFP
Pour la première fois, le Bureau national des statistiques du Nigeria a publié une étude sans précédent intitulée « Enquête sur la criminalité et la perception de la sécurité ». Réalisée auprès de 12 000 foyers à travers le pays, cette enquête met en lumière des résultats inquiétants, bien que certains analystes soulignent des réserves quant à la méthodologie utilisée pour obtenir ces chiffres.
Dans un pays de plus de 220 millions d’habitants, la collecte de données fiables sur la criminalité et la sécurité demeure un défi. Cependant, il est rare que le gouvernement nigérian communique aussi ouvertement sur les réalités vécues par la population en matière de sécurité. Les projections issues de cette enquête sont particulièrement troublantes : entre mai 2023 et avril 2024, le Bureau national des statistiques estime que plus de 600 000 personnes auraient été « assassinées » au Nigeria.
Les chiffres concernant les kidnappings sont tout aussi alarmants. Selon l’étude, plus de 2 millions de personnes auraient été enlevées durant la même période, principalement dans les États du Nord-Ouest et du Nord-Central, où des groupes armés connus sous le nom de « bandits » sévissent. Ce phénomène criminel aurait généré des revenus dépassant un milliard d’euros pour les ravisseurs, un montant supérieur au budget national de la défense du pays.
Cependant, ces chiffres sont contestés par de nombreux analystes. Une étude indépendante menée par le cabinet SBM Intelligence, basé à Lagos, a estimé que seulement 7 568 personnes avaient été kidnappées au Nigeria entre juillet 2023 et juin 2024. De plus, les projections de ce cabinet indiquent que le montant total des rançons ne dépasserait pas 7 millions d’euros.
Cette divergence dans les données soulève des questions sur la réalité de la criminalité au Nigeria et sur la manière dont les statistiques sont collectées et interprétées. Alors que le pays fait face à des défis de sécurité croissants, il est essentiel d’obtenir des informations précises pour mieux comprendre et répondre à ces problèmes.
Thom Biakpa