Le président de la CEI, Coulibaly Kuibiert Ibrahime, lors d’une conférence à l’École de police d’Abidjan.
À la veille du scrutin présidentiel prévu pour le 25 octobre 2025, la scène politique et médiatique ivoirienne a été agitée par un incident inattendu : l’apparition sur la plateforme Abidjan.net de prétendus résultats électoraux avant même l’ouverture des bureaux de vote.
Tout est parti d’une capture d’écran devenue virale sur les réseaux sociaux. Le vendredi 24 octobre, des internautes ont constaté l’affichage de chiffres présentés comme issus du scrutin sur la page « Résultats Élection Présidentielle 2025 » du site Abidjan.net. En quelques heures, la confusion s’est installée, alimentée par des commentaires et des suppositions diverses. Face à cette agitation, le média a rapidement désactivé la page concernée avant de publier un communiqué explicatif.
Dans ce texte, Abidjan.net évoque un « dysfonctionnement technique » survenu lors de tests réalisés en amont du scrutin. Les données publiées, explique-t-il, n’étaient que des éléments de simulation internes, rendus visibles par erreur à la suite d’une mise à jour intempestive. Le média insiste : « Le scrutin n’ayant pas encore eu lieu, les données ainsi affichées ne constituent en aucun cas des résultats réels ou officiels. »
Conscient du trouble provoqué, Abidjan.net a aussitôt présenté ses excuses à ses lecteurs, aux autorités et à ses partenaires. Le site assure avoir corrigé l’incident et renforcé ses dispositifs de sécurité pour éviter qu’une telle erreur ne se reproduise. Il réaffirme également son attachement à la rigueur, à la transparence et à la neutralité dans le traitement de l’information électorale. Une mise au point jugée nécessaire, alors que des rumeurs faisaient déjà état d’une manipulation délibérée ou d’une fuite orchestrée.
Mais du côté des autorités électorales, la réaction a été bien plus ferme. Dans la soirée, la Commission Électorale Indépendante (CEI) a annoncé avoir déposé plainte contre Abidjan.net pour publication de fausses nouvelles et atteinte à l’ordre public. Dans son communiqué, l’institution estime que la diffusion — même accidentelle — de chiffres électoraux avant le vote constitue une infraction et un risque majeur pour la crédibilité du processus. « La CEI demeure la seule habilitée à proclamer les résultats provisoires et définitifs », rappelle-t-elle, tout en soulignant la nécessité de préserver l’intégrité du scrutin et de rappeler à l’ordre les acteurs de l’information.
L’affaire a aussitôt envahi les discussions en ligne. Sur les réseaux sociaux, les réactions se sont multipliées : certains ont dénoncé une faute grave du média, accusé d’avoir semé la confusion à un moment critique ; d’autres, au contraire, ont appelé à la clémence, estimant qu’il ne s’agissait que d’une erreur technique sans volonté de nuire. Des proches du fondateur d’Abidjan.net et plusieurs figures du monde médiatique ont également plaidé pour la prudence, rappelant le rôle historique du site dans la démocratisation de l’information en Côte d’Ivoire.
Sur le plan politique, les positions divergent. Si la plupart des partis se gardent pour l’instant de toute déclaration officielle, certains responsables de l’opposition évoquent une faille révélatrice d’un système électoral fragile, tandis que des voix proches du pouvoir saluent la fermeté de la CEI et appellent à la responsabilité collective.
Cet épisode intervient dans un climat préélectoral déjà tendu, marqué par la méfiance entre camps politiques, les débats sur la liste électorale et une forte attente citoyenne autour de la transparence du scrutin. Les autorités avaient d’ailleurs multiplié les mises en garde contre toute publication prématurée de résultats.
L’incident rappelle ainsi combien la maîtrise de l’information numérique est devenue un enjeu démocratique central.




