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dimanche, décembre 22, 2024
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RDC

Le pays retient son souffle à quelques heures de l’élection présidentielle

La République Démocratique du Congo (RDC) retient son souffle, à quelques heures du premier tour de l’élection présidentielle, prévue, ce mercredi 20 décembre. Les observateurs dans leur ensemble, craignent des risques de débordements pendant le vote et au lendemain de la proclamation des résultats.

S’il est vrai que la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), chargée d’organiser ce scrutin a mis les bouchées doubles pour assurer la tranquillité des votes du point de vue logistique et garantir sa transparence, la montée de tension observée tout au long de la campagne inquiète.

Une campagne électorale émaillée de violence

La campagne électorale, lancée le 19 novembre dernier, a été marquée par de nombreux incidents, notamment des tentatives d’entraves aux mouvements de certains candidats et des violences, occasionnant la mort d’une personne et des dégâts matériels. Le 6 novembre, un groupe de jeunes présentés par l’opposition comme des partisans de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, le parti présidentiel) avait caillassé le cortège de l’opposant Martin Fayulu, à Tshikapa, au Kasaï (Centre), un bastion de Félix Tshisekedi.

Malgré la condamnation de ces actes par l’ensemble de la classe politique, y compris par le président Tshisekedi lui-même, certains partisans de l’UDPS ont continué à être impliqués dans des violences politiques. Ainsi, le 28 novembre, un responsable du parti de Moïse Katumbi, Ensemble pour la République (EPR), a été tué lors d’affrontements entre des militants de l’EPR et de l’UDPS, alors que le candidat tenait un meeting à Kindu, dans le Maniema (Est). Le 12 décembre, un autre de ses meetings a été interrompu par des jets de pierres à Moanda, au Kongo-central (Ouest).

S’ajoutent à ces incidents des ratés dans l’organisation du scrutin, qui laissent présager de fortes tensions le jour où les 44 millions de Congolais inscrits sur les listes électorales se rendront aux urnes. Le confrère Jeune Afrique, dans l’une de ses éditions, a annoncé que « les cartes d’électeurs commandées à grands frais en Corée du Sud se sont avérées d’une si piètre qualité si bien que la Ceni a dû établir en urgence des duplicatas. Et rien ne garantit que la totalité des électeurs dotés de cartes défectueuses recevront leur duplicata à temps pour voter.

Ensuite, les listes d’électeurs, indispensables pour leur reconnaissance par les bureaux de vote, n’ont pas été affichées trois mois avant le scrutin, comme le prévoit le calendrier de la Ceni, ni placardées dans leur intégralité. Il est à craindre que tout cela démotive nombre d’électeurs et attise leur colère, surtout parmi ceux de l’opposition, qui suspecteraient déjà des manœuvres de la Ceni pour les empêcher de voter en faveur de leurs candidats. L’autre défi, et non des moindres, sera, pour des électeurs parfois à peine lettrés, de s’orienter dans un dédale de listes multiples qui concernent quatre scrutins distincts auxquels participent des milliers de candidats, dont 26 présidentiables.

Face à cette situation, la Ceni tente de sauver ce qui peut encore l’être. Selon l’Agence congolaise de presse, l’Angola, sollicité par Kinshasa, aurait accepté de prêter une partie de sa flotte aérienne à la RDC, afin d’acheminer le matériel. Parallèlement, dans une lettre du 12 décembre, Kinshasa a demandé au Conseil de sécurité des Nations unies d’autoriser la mission onusienne de maintien de la paix, la Monusco, sur le départ, à étendre son appui logistique à l’ensemble du pays, au-delà des trois provinces de l’Est (Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri), où elle est encore opérationnelle.

Une telle situation peut engendrer plusieurs difficultés. Il est probable que de nombreux bureaux de vote soient dépourvus de matériel.

La proclamation des résultats, une autre paire de manche

La proclamation des résultats provisoires par la Ceni, prévue le 31 décembre, soit onze jours après la tenue du scrutin, pourrait aussi être une étape difficile de cette élection. L’annonce des résultats constituera en effet le dénouement de toutes les tensions cumulées par l’opposition ces deux dernières années, à la suite d’une préparation électorale déficiente et opaque. Elle pourrait conduire à des explosions de violence en cas de suspicion de fraude.

L’éventuelle publication de résultats parallèles par les observateurs indépendants pourrait ajouter aux tensions. En cas d’écarts importants entre ces chiffres et ceux de la Ceni, des protestations et des violences pourraient éclater dans de nombreuses villes et localités, notamment dans la capitale Kinshasa et dans la province du Katanga.

La réussite de ce processus électoral tient à quelques préalables cruciaux. La transparence, tant au cours des opérations de vote que lors du dépouillement et à l’affichage des résultats, sera la clé de la confiance entre les différents protagonistes, y compris les camps de l’opposition. Ensuite, en cas de manifestations et des contestations des résultats, la police nationale congolaise et tous les services de sécurité devront faire preuve de professionnalisme et de retenue, en évitant de recourir à des armes létales ou d’user abusivement de la force. Enfin, comme l’a maintes fois affirmé son président, la Ceni devra proclamer les résultats conformes à la vérité exprimée dans les urnes.

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