Des éléments du M23 en patrouille dans la ville de Bukavu/ AFP
Le groupe armé M23, soutenu par l’armée rwandaise, continue de progresser dans les provinces orientales de la République Démocratique du Congo (RDC). Cette avancée a engendré des scènes de panique et des actes de pillage à Uvira, une ville frontalière du Burundi. Les habitants rapportent également des affrontements persistants entre les forces armées congolaises et les miliciens wazalendo, qui se sont intensifiés ces derniers jours. Des combats ont été signalés sur plusieurs fronts tout au long de la journée du jeudi 20 février.
Une escalade des combats
Au Nord-Kivu, la situation s’est détériorée dans plusieurs localités du territoire de Lubero, où les combats ont repris avec vigueur. Le M23 et ses alliés continuent leur avancée le long de la route nationale numéro 2, en direction de Butembo et Beni, deux villes stratégiques du nord de la province. Dans la région de Masisi, à l’ouest de Goma, des militaires congolais, en alliance avec des milices pro-gouvernementales, ont été engagés dans des affrontements avec les combattants du M23. Ces combats ont eu des conséquences tragiques, notamment la blessure grave d’un employé de Médecins Sans Frontières (MSF) par une balle perdue alors qu’il se trouvait à l’intérieur de la base de l’ONG. Un enfant qui s’y était réfugié a également été touché.
Chaos dans la plaine de la Ruzizi
Au Sud-Kivu, la situation est tout aussi préoccupante. Deux jours après la prise de Kamanyola par le M23, la confusion règne le long de la route nationale numéro 5, également connue sous le nom de plaine de la Ruzizi, qui suit la frontière entre la RDC et le Burundi. À Uvira, la deuxième ville de la province, située à 75 kilomètres au sud de Kamanyola, des affrontements ont été rapportés entre les forces congolaises et les miliciens wazalendo. Des pillages ont également eu lieu, touchant des commerces et des habitations, y compris celle d’un pasteur du centre-ville. Un témoin a décrit des « hommes armés », parmi lesquels se trouvaient des membres de l’armée congolaise, qui avaient fui Bukavu, le chef-lieu du Sud-Kivu, récemment capturé par le M23. « Certains d’entre eux ont d’abord forcé la porte de ma maison, puis ils sont arrivés en grand nombre pour s’emparer de haricots, de riz et d’autres provisions », a rapporté ce même témoin.
Un bilan tragique
Les violences qui se déroulent sur place ont causé plusieurs morts et blessés, poussant de nombreux habitants à fuir vers le sud ou vers le Burundi voisin. Bien que l’armée congolaise ait reconnu des « échanges de tirs à Uvira », elle a assuré que « la situation n’a pas dégénéré ».
Cette escalade de la violence souligne l’urgence d’une réponse humanitaire et sécuritaire face à une situation qui menace de s’aggraver davantage dans cette région déjà fragilisée par des conflits prolongés.
Thom Biakpa