Victoire Ingabire de nouveau arrêtée au Rwanda/ AFP
Victoire Ingabire, figure emblématique de l’opposition rwandaise et critique virulente du président Paul Kagame, a été arrêtée par les autorités rwandaises le jeudi 19 juin 2025. Cette arrestation survient dans un contexte de tensions politiques croissantes et d’accusations de complot visant à déstabiliser l’État, une affaire qui remonte à 2021.
Accusations et Contexte
Victoire Ingabire, âgée de 56 ans, est accusée d’avoir joué un rôle dans des réunions organisées avec des sympathisants dans le but de renverser le gouvernement. Ces réunions sont liées à l’affaire de Sylvain Sibomana, ancien secrétaire général de son parti, qui a également été arrêté. Les autorités rwandaises affirment que ces rencontres avaient pour objectif de déstabiliser le régime en place, en partie en raison de la lecture d’un livre d’un écrivain serbe intitulé “Comment faire tomber un dictateur, quand on est seul, tout petit et sans arme”.
Ingabire a nié ces accusations lors de son audience, affirmant que les activités de son parti, qui n’a jamais été officiellement enregistré, sont actuellement à l’arrêt. Selon un communiqué du Bureau d’enquête du Rwanda, elle pourrait être inculpée pour « associations de malfaiteurs et incitation publique à s’opposer au gouvernement ».
Une histoire de répression
L’arrestation de Victoire Ingabire n’est pas un événement isolé. Elle s’inscrit dans un long historique de répression des voix dissidentes au Rwanda. En 2010, Ingabire avait été arrêtée et condamnée à quinze ans de prison pour « conspiration contre les autorités et minimisation du génocide de 1994 ». Elle avait été libérée après huit ans grâce à une grâce présidentielle accordée par Paul Kagame, mais elle est restée sous le coup d’une interdiction de se présenter aux élections.
En mars 2024, Ingabire a perdu un recours visant à lever cette interdiction, ce qui a renforcé les soupçons selon lesquels son arrestation actuelle pourrait être une manœuvre pour l’écarter définitivement de la scène politique.
Réactions et implications
L’arrestation de Victoire Ingabire a suscité des inquiétudes parmi les défenseurs des droits humains et les observateurs internationaux, qui voient en elle une nouvelle illustration de la répression des opposants politiques au Rwanda. Les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent régulièrement les violations des libertés fondamentales dans le pays, où le gouvernement de Kagame est souvent critiqué pour son autoritarisme.
Les proches d’Ingabire et ses avocats internationaux ont exprimé leur préoccupation quant à son arrestation, la qualifiant de tentative de museler une voix critique dans un climat politique déjà tendu. Ils craignent que cette action ne soit qu’une étape supplémentaire dans la répression systématique des opposants au régime.
L’arrestation de Victoire Ingabire soulève des questions cruciales sur l’état de la démocratie et des droits humains au Rwanda. Alors que le pays se prépare pour des élections futures, la situation d’Ingabire et d’autres opposants politiques pourrait avoir des répercussions significatives sur la dynamique politique et sociale du pays. Les observateurs internationaux continueront de suivre de près cette affaire, espérant que la pression extérieure pourra contribuer à un changement positif dans le paysage politique rwandais.
Thom Biakpa