Le général Pascal Ianni et Mbaye Cissé font le salut militaire au moment de la levée du drapeau sénégalais, à Dakar, le 17 juillet 2025./ AP
Le 17 juillet 2025, le Sénégal a officiellement mis fin à 65 années de présence militaire française permanente avec la restitution des deux dernières installations militaires françaises, lors d’une cérémonie au camp Geille, la plus grande base militaire de Dakar. Cet événement symbolique a marqué un tournant dans les relations entre les deux pays, avec le drapeau sénégalais hissé à la place du drapeau français, au son de l’hymne national.
Le camp Geille, situé dans le quartier Ouakam, représente la dernière base militaire française en Afrique de l’Ouest, et sa fermeture, ainsi que celle de l’escale militaire à l’aéroport de Dakar, témoigne d’une reconfiguration significative de la coopération de défense entre la France et le continent africain. Le général Mbaye Cissé, chef d’état-major de l’armée sénégalaise, et le général Pascal Ianni, à la tête du commandement de l’armée française pour l’Afrique, ont assisté ensemble à cette passation symbolique, marquée par la remise d’une clé ancienne.
Le général Cissé a souligné l’importance de ce moment, le qualifiant de « tournant » dans la coopération entre le Sénégal et la France, et a évoqué une nouvelle doctrine de défense axée sur la souveraineté nationale. De son côté, le général Ianni a déclaré qu’il s’agissait d’une « nouvelle étape » et d’un « changement nécessaire » dans la coopération militaire, insistant sur la nécessité de réinventer les partenariats face aux défis contemporains.
Cette dissolution de la présence militaire française au Sénégal met fin à une relation qui remonte à l’époque coloniale, comme l’a expliqué le professeur d’histoire Mor Ndao. Depuis 1960, date de la signature du premier accord de coopération, l’armée française a joué un rôle clé dans la construction de l’armée sénégalaise et sa défense. Cependant, depuis 2011, la mission des forces françaises a évolué vers des formations et des entraînements conjoints, réduisant ainsi leur rôle de défense.
Le processus de rétrocession des bases a été le fruit de discussions entamées dès 2022, dans un contexte où la demande de retrait des militaires français était une promesse de campagne du parti au pouvoir, le Pastef. En 2023, l’armée française a commencé à réduire sa présence permanente au Sénégal, préparant le transfert de ses bases.
Avec l’arrivée au pouvoir du Pastef, le président a demandé la fermeture de toutes les bases militaires étrangères au Sénégal, ce qui a formalisé le processus de rétrocession. Une commission mixte franco-sénégalaise a été mise en place pour définir le calendrier des rétrocessions, qui a débuté en mars 2025.
Malgré la fin de la présence militaire permanente, les deux pays insistent sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une rupture, mais d’un « nouveau partenariat ». La coopération militaire se poursuivra, mais les militaires français seront désormais envoyés de Paris en fonction des besoins de formation, abordant des sujets tels que la surveillance maritime et la cybercriminalité.
La rétrocession de la dernière base française au Sénégal marque ainsi la fin d’une ère et souligne un changement significatif dans les relations entre la France et l’Afrique de l’Ouest, tout en ouvrant la voie à une nouvelle dynamique de coopération.
Thom Biakpa
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