Sénégal : Le FMI confirme l’existence d’une dette cachée estimée à 7 milliards de dollars
Le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé l’existence d’une dette cachée d’un montant estimé à 7 milliards de dollars au Sénégal, un niveau jugé « sans précédent » sur le continent africain. L’annonce a été faite à Dakar par Edward Gemayel, chef de mission du FMI dans le pays, à l’issue d’une visite de deux semaines consacrée aux discussions sur la reprise d’un programme de prêt.
« Jamais en Afrique nous n’avons observé une dette cachée d’une telle ampleur », a déclaré M. Gemayel, soulignant le caractère « inédit » de la situation sénégalaise.
Cette révélation, qui vient confirmer les soupçons de déséquilibres budgétaires, complique sérieusement les négociations entre le gouvernement sénégalais et l’institution de Bretton Woods. Les discussions, entamées en août dernier, n’ont pas encore permis de conclure un nouvel accord de financement. Elles se poursuivront à distance dans les prochaines semaines.
Des réformes exigées avant tout nouvel accord
Pour le FMI, la transparence et la discipline budgétaire constituent désormais des conditions incontournables avant tout décaissement. L’organisation réclame la mise en œuvre de « mesures correctrices » afin d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise.
Parmi ces réformes figure la centralisation de la gestion de la dette publique au sein d’un seul ministère, ainsi que la publication complète des résultats de l’audit des arriérés de paiement. Ces dispositions visent à renforcer la gouvernance financière et à rétablir la confiance des bailleurs.
Une analyse de viabilité toujours en cours
Les experts du FMI, en collaboration avec la Banque mondiale, s’attèlent actuellement à finaliser l’analyse de viabilité de la dette sénégalaise, une étape cruciale pour évaluer la soutenabilité de l’endettement du pays. Tant que cette évaluation n’est pas achevée, aucun nouvel accord de prêt ne peut être signé.
Edward Gemayel se veut toutefois rassurant : « Il est rare qu’un nouvel accord soit finalisé après une première mission. Nous restons pleinement engagés à parvenir rapidement à un compromis. »
Une situation financière préoccupante
Du côté de Dakar, le retard dans la conclusion d’un nouvel accord représente une mauvaise nouvelle pour les finances publiques. Le pays, déjà fragilisé par une hausse rapide de sa dette, voit sa note souveraine dégradée à trois reprises en un an par l’agence de notation Moody’s. Cette dernière justifie ses décisions par « l’augmentation des risques concernant la trajectoire d’endettement et une situation budgétaire préoccupante ».
L’absence d’un programme avec le FMI prive également le Sénégal d’un signal de confiance essentiel pour les investisseurs et les partenaires financiers internationaux.
Une crise de transparence au cœur du débat
La découverte de cette dette cachée de 7 milliards de dollars jette une lumière crue sur les failles de la gestion publique et sur les défis de gouvernance auxquels le pays doit désormais faire face. Pour le FMI, comme pour les observateurs économiques, l’enjeu dépasse la seule question financière : il s’agit de restaurer la crédibilité budgétaire de l’État sénégalais et d’assurer une plus grande transparence dans la conduite de sa politique économique.
Thom Biakpa
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