Le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye/ AP
Dans un contexte où les relations entre le Sénégal et le Fonds Monétaire International (FMI) sont en suspens depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye, l’État sénégalais explore de nouvelles voies pour financer ses ambitions. À partir du 19 juin, le Trésor public lancera un appel public à l’épargne (APE) d’un montant de 300 milliards FCFA, une initiative visant à mobiliser des ressources tant locales qu’internationales pour faire face aux tensions de trésorerie.
Cette démarche n’est pas une première : en mars dernier, une opération similaire avait permis de lever 405 milliards FCFA. Toutefois, cette fois-ci, le message est clair : malgré les incertitudes entourant les bailleurs de fonds traditionnels, le Sénégal est déterminé à maintenir sa capacité d’investissement dans des secteurs jugés prioritaires.
Des investissements ciblés dans des secteurs stratégiques
Les fonds récoltés seront alloués à des domaines jugés cruciaux par les nouvelles autorités, notamment les infrastructures, l’éducation, la santé, l’accès à l’eau, l’agriculture, l’énergie et le numérique. Ces secteurs sont non seulement essentiels pour le développement économique, mais répondent également à des besoins pressants exprimés par la population.
Cette stratégie d’investissement reflète une volonté de répondre simultanément aux urgences sociales et aux défis structurels du pays. En s’appuyant sur la confiance des investisseurs, l’État espère maintenir une dynamique de croissance sans dépendre uniquement des institutions financières internationales. Le cadre juridique solide et les perspectives de retour sur investissement à moyen terme sont des atouts sur lesquels le gouvernement compte pour séduire les investisseurs.
Vers une souveraineté financière ?
Le recours fréquent aux emprunts obligataires indique une tendance vers un repositionnement du Sénégal sur les marchés de capitaux, visant à renforcer son autonomie budgétaire. En l’absence de financements multilatéraux, cette approche permet de garantir la continuité des projets en cours et d’éviter une paralysie des politiques publiques.
Cependant, cette stratégie comporte des risques. Il est crucial de maîtriser le coût de l’endettement, les taux d’intérêt proposés et la capacité de remboursement afin de préserver la soutenabilité financière du pays. La question demeure de savoir si les investisseurs répondront favorablement à cet appel dans un contexte international incertain, alors que le gouvernement cherche à établir sa crédibilité économique.
Pour l’instant, le Sénégal envoie un signal fort : il est déterminé à poursuivre ses objectifs de développement, même en dehors des schémas traditionnels de financement. Cette initiative pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont le pays aborde ses défis économiques et sociaux.
Thom Biakpa