L’adresse du chef de l’État sénégalais faisant suite à son retrait pour un 3e mandat paraît un revirement de la situation au regard du flou jadis entretenu sur son avenir politique. La mobilisation populaire a-t-elle pris le dessus sur ses ambitions ?
Le 03 juillet, Macky Sall a levé le voile sur sa position en rapport au 3e mandat. « Mes chers compatriotes, ma décision longuement et mûrement réfléchie est de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024 », s’est-il exprimé dans une allocution qu’attendait le peuple sénégalais depuis plusieurs mois. Pourquoi avoir opté pour maintenir le suspense pendant si longtemps ?
« Le facteur temps est un enjeu majeur en politique. Macky Sall dans sa stratégie a laissé le temps s’écouler pour deux raisons : l’une pour négocier afin de faire valider son projet de 3e mandat et l’autre pour épuiser l’opposition et les manifestants à travers la machine étatique. La deuxième option, plus importante que la première, n’aura pas marché car les forces opposées à son ambition ont maintenu la pression », Aimé Bounoug, politologue, apporte ses arguments sur le cas précis.
En un an la rue n’a pas décoléré au Sénégal, les grogneurs vent debout ont interpellé Macky Sall au respect de la constitution en lui exigeant de se prononcer sur son départ à la tête du pays.
Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor, principal opposant du régime de Dakar, par ailleurs leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), meneur de la résistance contre le gouvernement, a écopé le 1er juin d’une condamnation par la justice de deux ans de prison ferme avec une amende de 600 000 FCFA pour « corruption de la jeunesse » . Les affrontements entre ses partisans et les forces de l’ordre ont fait au moins 16 morts chez les civils selon des sources officielles. L’opposant dénonce un « complot » contre lui visant à l’exclure de l’élection présidentielle pour laquelle sa candidature a été déclarée.
Le renoncement de Macky Sall au 3e mandat fait planer le doute sur le choix du candidat du parti au pouvoir. Plusieurs noms sont cités sans pourtant arrêter le débat sur la personne désignée pour challenger une opposition coriace.
Et une question épineuse demeure : qu’en est-il du cas Sonko ? Son maintien en détention ou non reste un élément clé du climat autour de l’enjeu de la présidentielle.
Tchuisseu Lowé
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