Au Sénégal, l’État a pris des mesures pour réguler le secteur du cajou/ PressAfrik
Après une année particulièrement difficile pour la filière cajou, le gouvernement sénégalais a décidé d’agir en annonçant une série de mesures destinées à encourager la transformation de l’anacarde. L’objectif est d’éviter que l’intégralité de la production ne soit exportée brute, tout en offrant une véritable opportunité de croissance à cette filière.
Les défenseurs de la filière cajou peuvent-ils se réjouir d’être enfin entendus ? La campagne qui débute fin avril s’annonce sous de meilleurs auspices, après une année 2024 marquée par une récolte désastreuse, avec une baisse de production atteignant jusqu’à 70 % en raison de conditions climatiques extrêmes et d’une flambée des prix liée à la faible quantité d’anacardes récoltées. Face à cette situation, l’État a décidé de prendre des mesures concrètes.
Premièrement, les exportateurs seront désormais tenus d’obtenir un agrément auprès des autorités. Cette initiative vise à assurer une traçabilité des acteurs du secteur, principalement originaires d’Inde et du Vietnam, les deux plus grands producteurs mondiaux de noix de cajou, et à régulariser le marché de l’exportation.
Une autre mesure significative consiste à instaurer une taxe de 32 francs CFA par kilogramme sur les exportations de cajou brut. Cette taxe, longtemps réclamée par les opérateurs de la filière, a pour but d’encourager la transformation de l’anacarde et de limiter l’exportation de produits non transformés. Les fonds ainsi collectés seront utilisés pour soutenir le développement de la filière et financer une prime de transformation de 150 francs CFA pour chaque kilogramme d’anacarde transformé et exporté.
La transformation demeure le maillon faible de la filière cajou au Sénégal. Actuellement, seulement 2 000 tonnes de noix de cajou brute sont transformées chaque année, représentant à peine 3 % de la production nationale. Cependant, les défenseurs de la filière sont optimistes et espèrent porter ce chiffre à 10 % d’ici 2027, ce qui pourrait générer des emplois essentiels pour le pays. À l’heure actuelle, les onze unités de transformation en activité emploient environ 3 050 personnes.
Enfin, une dernière mesure vise à sécuriser un stock de 6 000 tonnes de cajou destiné aux entreprises sénégalaises de transformation. Du côté des opérateurs, cette initiative suscite une satisfaction palpable. Reste à espérer que les récoltes de cette année seront à la hauteur des attentes.
Thom Biakpa