Diomaye Faye, le président sénégalais déterminé à renouer la confiance entre son pays et les Institutions de Bretton Woods/ Africa Intelligence
À l’occasion des réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, qui se tiennent à Washington depuis le 14 octobre, le Sénégal espère restaurer ses relations avec cette institution cruciale. Après le scandale de la « dette cachée », le président Bassirou Diomaye Faye s’engage à rétablir la confiance financière tout en préservant la souveraineté économique du pays.
Un contexte économique difficile
Ces réunions revêtent une importance capitale pour le Sénégal, qui traverse une période de turbulences budgétaires. À ce jour, le pays fait face à une dette publique alarmante, atteignant 119 % du PIB, un taux de chômage de 20 % et une pauvreté touchant plus d’un tiers de la population. Dans ce contexte, le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye s’efforce de sortir d’une impasse financière en engageant des négociations avec le FMI.
L’impact de l’affaire de la « dette cachée »
La rupture des relations avec le FMI a été provoquée par la révélation d’une dette non déclarée de près de 7 milliards de dollars, mise au jour lors d’audits réalisés après l’arrivée au pouvoir de Faye. Ce scandale, connu sous le nom d’« affaire de la dette cachée », a conduit le FMI à suspendre son programme d’aide d’environ deux milliards de dollars, plongeant le Sénégal dans une crise de confiance vis-à-vis des investisseurs.
Pour redresser la situation, le gouvernement a mis en place des mesures de transparence, telles que la création d’une base de données centralisée sur la dette et le renforcement des organes de contrôle. Ces initiatives visent à rétablir la bonne foi des autorités sénégalaises et à rassurer les bailleurs de fonds internationaux.
Convaincre le FMI tout en préservant la souveraineté
L’une des principales missions de la délégation sénégalaise à Washington est de convaincre le FMI d’initier un nouvel accord de financement. Sans ce soutien, les investisseurs internationaux pourraient rester réticents, obligeant le Sénégal à continuer de se financer sur les marchés régionaux. À ce jour, le pays a déjà levé près de 3 000 milliards de francs CFA sur le marché ouest-africain, dont 450 milliards lors d’un récent appel public à l’épargne.
Le gouvernement sénégalais mise sur un modèle de financement mixte, alliant aides internationales et ressources internes, notamment en anticipant les futures recettes pétrolières pour ramener le déficit à 3 % du PIB d’ici 2027. Cette stratégie a été saluée par la directrice du FMI, qui voit en elle un potentiel de redressement.
Vers un double enjeu
Si les négociations avec le FMI aboutissent, Dakar pourrait non seulement rétablir la confiance des bailleurs internationaux, mais aussi préserver sa dignité économique. À l’inverse, un échec pourrait maintenir le pays dans une dépendance vis-à-vis des marchés régionaux, limitant ainsi ses capacités d’investissement et de développement.
Pour Bassirou Diomaye Faye, l’enjeu est de taille : obtenir le soutien du FMI sans donner l’impression d’une mise sous tutelle économique. Dans un contexte où la transparence et la bonne gouvernance sont plus que jamais au cœur des préoccupations, le Sénégal se doit de naviguer habilement entre exigences internationales et préservation de son autonomie.
Thom Biakpa