L’ancien vice-président du Soudan du Sud, Riek Machar/ AFP
Ce lundi 22 septembre 2025, Riek Machar, ancien vice-président du Soudan du Sud et leader du Mouvement populaire de libération du Soudan en opposition (SPLM-IO), a comparu devant un tribunal à Juba, accompagné de sept coaccusés, dont le ministre du Pétrole, Puot Kang. Tous sont accusés d’avoir orchestré des attaques contre l’armée sud-soudanaise à Nasir, dans la région du Haut-Nil, en mars dernier, faisant plus de 250 soldats loyaux au président Salva Kiir et un pilote de l’ONU.
Cette audience marque la première apparition publique de Machar depuis six mois, période durant laquelle il avait été placé en résidence surveillée après les événements de mars. Ce procès, qui pourrait avoir des implications majeures pour l’avenir politique du Soudan du Sud, s’est ouvert dans un climat de tension palpable, paralysant la ville de Juba. Toutes les routes menant au Freedom Hall, où se déroule le procès, ont été fermées, provoquant des embouteillages considérables. De plus, l’accès à l’audience a été interdit aux journalistes et au public à la dernière minute, ce qui a conduit à des incidents regrettables, notamment l’agression d’un militant de la société civile.
Malgré ces restrictions, l’audience a été diffusée en direct sur la télévision publique. Riek Machar et ses coaccusés ont été présentés dans une grande cage, affichant une certaine sérénité, souriant et saluant leurs proches à la fin de la session, ce qui a suscité des applaudissements et des signes de solidarité de la part de leur famille et de leurs partisans.
Le procès se tient devant un « tribunal spécial » composé de trois juges, dont la légitimité a été contestée par l’avocat de la défense, Geri Raimondo. Ce dernier a argué que Machar n’avait pas été destitué conformément aux dispositions de la Constitution, ce qui remet en question la capacité du tribunal à le juger. Il a ainsi demandé la libération immédiate de son client. À l’inverse, les avocats de l’accusation ont défendu la légalité du processus, bien que leur argumentaire n’ait pas été disponible par écrit, ce qui a conduit à un ajournement de la session jusqu’au lendemain.
Ce procès est perçu comme un moment charnière dans l’histoire tumultueuse du Soudan du Sud, qui a obtenu son indépendance en 2011. L’accord de paix de 2018 avait tenté de réconcilier Machar et Salva Kiir, mais leur rivalité a été à l’origine d’une guerre civile dévastatrice qui a coûté la vie à près de 400 000 personnes. Machar, qui avait accepté de revenir à Juba pour former un gouvernement de transition en 2020, fait aujourd’hui face à des accusations graves, incluant meurtre, trahison, terrorisme et crimes contre l’humanité.
Maître Kur Lual Kur, l’avocat de la défense, a affirmé que Riek Machar était « en bonne santé » et prêt à se défendre. Pendant ce temps, des combats ont été rapportés dans le Haut-Nil entre les forces gouvernementales et celles de l’opposition, entraînant la mort d’au moins 50 personnes, un contexte qui souligne la fragilité de la paix dans le pays.
Alors que le procès se poursuit, les yeux du monde sont rivés sur Juba, espérant que cette étape marquera un tournant décisif dans la quête de justice et de stabilité pour le Soudan du Sud.
Thom Biakpa