A gauche, Riek Machar avec le président Salva Kiir / Wikimedia
Le vice-président du Soudan du Sud, Riek Machar, a été inculpé pour “crimes contre l’humanité”, selon une annonce faite par le gouvernement le 11 septembre. Cette décision, survenant alors qu’il est en résidence surveillée depuis mars, pourrait avoir des conséquences déstabilisatrices pour un pays déjà fragile et en proie à la pauvreté.
Son arrestation, survenue fin mars, avait suscité de vives inquiétudes quant à un possible retour à la guerre civile. Cet événement rappelle les cicatrices encore visibles du conflit dévastateur qui a opposé ses partisans à ceux du président Salva Kiir, faisant environ 400 000 morts et provoquant le déplacement de 4 millions de personnes entre 2013 et 2018.
Selon le ministère de la Justice, Riek Machar est accusé d’avoir orchestré, avec sept co-accusés, une attaque meurtrière contre une base militaire menée par l’“Armée blanche”, une milice soupçonnée de coopérer avec lui. Cette attaque, survenue le 3 mars dans le nord-est du pays, aurait fait plus de 250 victimes parmi les soldats, en plus de la mort d’un major général sud-soudanais et d’un pilote de l’ONU.
Les chefs d’accusation à l’encontre de Machar et de ses co-accusés s’étendent au “meurtre”, au “terrorisme et financement d’actes terroristes”, ainsi qu’à des accusations de “trahison” et de “conspiration”. En réaction à ces développements, le président Salva Kiir a signé un décret démettant Riek Machar et le ministre du Pétrole, Puot Kang Choi, de leurs fonctions au sein du gouvernement, comme l’a rapporté la télévision d’État.
L’arrestation de Machar avait eu lieu dans un contexte de tensions croissantes, marqué par des frappes militaires dans le nord-est et des tirs d’artillerie près de la capitale. Le ministère de la Justice a déclaré : “Cette affaire envoie un message clair : ceux qui commettent des atrocités contre le peuple du Soudan du Sud, nos forces armées et le personnel humanitaire, devront rendre des comptes, indépendamment de leur statut ou de leur influence politique.”
La communauté internationale exprime de sérieuses préoccupations concernant la situation de Riek Machar. Les diplomates du Canada, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Norvège, du Royaume-Uni, des États-Unis et de l’Union européenne à Juba ont déjà appelé à sa libération, tout en exhortant les dirigeants à renoncer à la violence comme moyen de résoudre les conflits politiques et à rétablir un dialogue constructif. Ces affaires judiciaires, selon le gouvernement, ne devraient pas être sujettes à des discussions diplomatiques jusqu’à ce qu’une décision soit rendue, ce qui soulève des questions sur l’avenir de la paix et de la stabilité au Soudan du Sud.
Thom Biakpa