L’opposant Succès Masra dénonce sa détention arbitraire/ Wikimédia
Au Tchad, l’opposant politique Succès Masra, qui était en détention préventive depuis près de deux mois, a décidé de mettre fin à sa grève de la faim. Son geste, entamé le 24 juin pour protester contre ce qu’il considère comme une arrestation injuste, a duré sept jours et a eu de lourdes conséquences sur sa santé. Selon ses avocats, il s’était imposé un jeûne complet, refusant toute nourriture, toute boisson, et même suspendant un traitement médical en cours, ce qui l’avait fortement affaibli.
Plusieurs événements ont finalement convaincu Masra de suspendre cette action de protestation. Tout d’abord, une manifestation de soutien a été organisée le jeudi 26 juin dans les rues de Ndjamena. Des dizaines de femmes, jeunes et âgées, ont défilé, certaines pratiquement nues, dans un geste symbolique puissant, illustrant la détermination des populations du sud du pays à défendre leurs droits et leur liberté d’expression. Selon un sociologue tchadien, cette manifestation a marqué un moment fort dans la mobilisation populaire.
Ensuite, la visite de sa mère, le samedi 28 juin, a joué un rôle déterminant. Elle aurait menacé de suivre son exemple si Masra ne mettait pas fin à sa grève, soulignant l’impact émotionnel de cette solidarité familiale. Enfin, son médecin personnel a pu accéder à lui le lendemain, lui conseillant vivement de se réalimenter, car son état se dégradait rapidement. Sous cette pression, Succès Masra a recommencé à boire des liquides dès la veille au soir, et ses proches rapportent qu’il commence à aller mieux.
Par ailleurs, la solidarité internationale s’est aussi manifestée. Le chanteur et auteur tchadien Kaar Kaas Sonn, qui avait lancé une grève de la faim en solidarité avec Masra lundi dernier à Laval, en France, a décidé de suspendre son propre jeûne. Il explique que son objectif était d’attirer l’attention des médias sur la dérive autoritaire qui sévit actuellement au Tchad. La mobilisation de Kaar Kaas Sonn a permis de mettre en lumière la situation préoccupante des droits humains dans le pays, notamment l’arrestation arbitraire de Masra et le caractère politique du procès qui lui est intenté.
Ce geste de protestation, tant au Tchad qu’à l’étranger, souligne la gravité de la situation politique dans le pays, où la contestation est souvent réprimée et où la liberté d’expression est mise à rude épreuve. La fin de la grève de la faim de Succès Masra marque une étape importante, mais la lutte pour la justice et la démocratie au Tchad reste plus que jamais d’actualité.
Thom Biakpa