L’escalade diplomatique entre le Mali et l’Algérie s’est déportée à la tribune de l’ONU à New-York/ AFP
Les relations entre le Mali et l’Algérie continuent de se détériorer, et c’est désormais à la tribune des Nations Unies que les hostilités verbales se poursuivent. À l’occasion du débat général marquant les 80 ans de l’Organisation, les deux voisins sahéliens ont profité de leur temps de parole pour exposer au grand jour leurs différends, principalement autour d’un incident survenu le 1er avril 2025 : l’abattage d’un drone malien par l’armée algérienne.
Un contentieux au cœur des tensions
Selon Bamako, l’engin a été détruit alors qu’il survolait encore le territoire malien. Alger rejette cette version et affirme avoir intercepté le drone dans son propre espace aérien. L’affaire a rapidement pris une tournure diplomatique, mettant à mal les relations déjà fragiles entre les deux pays.
Des accusations graves à la tribune
Le 26 septembre, le Premier ministre malien, le général Abdoulaye Maïga, a vivement dénoncé l’attitude des autorités algériennes. Depuis la tribune onusienne, il a lancé :
« Du haut de cette tribune, nous appelons la junte algérienne à cesser de soutenir le terrorisme international, à s’engager réellement dans la promotion de la paix et de la sécurité, dans un esprit constructif, et dans le respect de la souveraineté des États. »
Cette déclaration, répétée à trois reprises, a provoqué une réaction cinglante de la part d’Alger.
Riposte verbale de l’Algérie
Le 30 septembre, c’était au tour du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, de répondre avec virulence. Prenant directement pour cible le chef du gouvernement malien, il a déclaré : « Le sommet de la bassesse, de la vulgarité et de la grossièreté atteint par ce faux poète mais vrai putschiste, n’est rien d’autre qu’une logorrhée de soudards. Ce bavardage de caniveau ne mérite que mépris et inspire le dégoût. »
Une escalade diplomatique qui se poursuit
Dans la nuit suivant cette déclaration, la mission permanente du Mali à l’ONU a publié un communiqué de deux pages pour exercer un droit de réponse. Elle y qualifie la sortie algérienne d’« action hostile, inamicale et condescendante », et accuse une nouvelle fois Alger de « parrainer le terrorisme international ».
Un recours judiciaire avorté
Sur le plan juridique, le Mali avait saisi la Cour internationale de justice (CIJ) le 16 septembre pour dénoncer une agression par l’Algérie. Cependant, la procédure a rapidement été close après que l’Algérie a refusé de se soumettre à la juridiction de la CIJ, mettant ainsi un terme anticipé à cette tentative de règlement par voie légale.
Le climat diplomatique entre le Mali et l’Algérie est plus tendu que jamais. L’incident du drone n’a fait qu’attiser des différends plus profonds entre les deux pays. À l’ONU, ce conflit s’est désormais déplacé sur le terrain du verbe, dans un échange peu commun de discours tranchants et d’accusations graves. Un apaisement semble, pour l’instant, hors de portée.
Thom Biakpa