Des manifestants à Lomé appelant à la démission du président Faure Gnassingbé / AP
Une semaine après les manifestations qui ont secoué le Togo, faisant sept morts et de nombreux blessés selon des sources de la société civile, la France a exprimé son inquiétude et son désir de voir la lumière faite sur les accusations de torture. Lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a affirmé que Paris suivait de près la situation au Togo.
Interrogé par le député Aurélien Taché (LFI), qui a critiqué le gouvernement français pour son silence face à ces événements, Barrot a déclaré : « Nous suivons bien entendu la situation au Togo en lien avec notre ambassade sur place ». Il a également souligné l’importance d’un dialogue transparent et apaisé entre les acteurs politiques togolais, tout en réaffirmant l’attachement de la France à la liberté de manifestation et à la liberté de la presse.
Les manifestations des 26, 27 et 28 juin à Lomé, qui ont été organisées en réponse à des appels sur les réseaux sociaux demandant le départ du président Faure Gnassingbé, ont conduit à l’interpellation de nombreuses personnes. Parmi les 49 individus arrêtés, 31 sont actuellement poursuivis pour avoir participé à des rassemblements jugés illégaux, tandis que 18 ont été libérés faute de charges suffisantes.
Les avocats représentant les manifestants expriment leur inquiétude concernant le sort de plusieurs personnes dont les familles n’ont pas eu de nouvelles depuis leur arrestation. Me Elom Kpadé, l’un des avocats, a indiqué que des familles continuent de signaler l’absence de leurs proches dans les unités de gendarmerie et les commissariats. Le collectif d’avocats, qui compte actuellement six membres, espère que ces personnes se manifesteront bientôt par le biais du parquet pour clarifier leur situation.
La France, tout en appelant à une enquête sur les allégations de torture, souligne l’importance de respecter les droits humains et de garantir la sécurité des citoyens dans le cadre de la transition vers la Vème République togolaise, qui a été officialisée le 3 mai 2025. La situation au Togo reste donc sous haute surveillance, tant par les autorités françaises que par les acteurs de la société civile.
La CEDEAO appelle au dialogue
La Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a également réagi aux manifestations qui ont secoué le Togo les 26, 27 et 28 juin 2025, notamment dans la capitale, Lomé. Dans un communiqué daté du 30 juin et publié à Abuja, l’organisation sous-régionale dit suivre avec « préoccupation » les événements survenus dans plusieurs villes du pays.
Selon la CEDEAO, ces manifestations ont entraîné des pertes humaines et des dégâts matériels. Sans évoquer de chiffres, elle regrette les conséquences enregistrées et appelle à « la retenue ». L’institution sous-régionale exhorte les différents acteurs à opter pour le dialogue, afin de préserver un climat propice à la stabilité politique et au développement économique du pays. Elle exprime également sa solidarité avec les victimes et se dit disposée à accompagner les efforts de paix.
Thom Biakpa