Récemment arrêtée, Marguerite Gnakadé a été finalement placée sous mandat de dépôt par les autorités togolaises/ Wikimédia
Les autorités togolaises ont enfin pris la parole concernant l’affaire de Marguerite Gnakadé, ancienne ministre des Armées, arrêtée la semaine dernière. Le 19 septembre, elle a été placée sous mandat de dépôt, comme l’a annoncé le procureur général de la République dans un communiqué officiel. Gnakadé fait face à plusieurs accusations graves, notamment de soulèvement contre l’autorité de l’État, de diffusion de fausses nouvelles et de troubles aggravés à l’ordre public. Ces accusations sont liées à une affaire qui implique également le chanteur Aamron, qui a été arrêté avant d’être relâché sous conditions.
Dans deux déclarations distinctes datant du 20 septembre, le procureur Talaka Mawama a affirmé que Gnakadé aurait engagé des « agissements réitérés constitutifs d’atteintes à la sûreté de l’État », des allégations corroborées par l’enquête préliminaire. Le procureur a également mentionné que l’ancienne ministre aurait tenté de détruire une preuve lors de sa garde à vue.
Son avocat, Me Elom Koffi Kpadé, a déclaré qu’il n’avait pas été informé des développements depuis le déferrement de Gnakadé devant le juge vendredi dernier. Il a également souligné qu’il n’avait connaissance d’aucun élément probant soutenant les accusations portées contre elle, qualifiant la situation d’« attente d’une rencontre formelle et apaisée ».
Marguerite Gnakadé est connue pour ses critiques ouvertes envers son ancien beau-frère, le président Faure Gnassingbé. Selon les enquêteurs, elle aurait incité l’armée à des actions séditieuses entre juillet et septembre, période durant laquelle elle aurait également rencontré à plusieurs reprises le chanteur Aamron, de son vrai nom Narcisse Tchala Essowè.
Aamron, placé sous contrôle judiciaire, bénéficie d’une liberté de mouvement restreinte et est également poursuivi pour des accusations similaires, telles que le soulèvement contre l’autorité de l’État et la diffusion de fausses nouvelles. Sa situation est d’autant plus préoccupante qu’il a déjà été arrêté fin mai dernier pour des raisons similaires.
L’avocat des deux prévenus a exprimé sa frustration face à la manière dont les autorités gèrent cette affaire, déclarant : « Je ne comprends pas pourquoi ils sont regroupés dans la même affaire. Il semble qu’il s’agit d’une tentative de faire taire des voix dissidentes, et je crains que cela ne soit qu’un procès politique. »
Cette affaire soulève des inquiétudes quant à la liberté d’expression et à la politique au Togo, un pays où les tensions entre les autorités et les voix critiques continuent de croître.
Thom Biakpa