Des manifestants et des policiers s’affrontent à Lomé, le 26 juin 2025 /AP/SIPA
Le climat politique au Togo se tend alors que le gouvernement a annoncé le lancement de mandats d’arrêt contre plusieurs membres du Mouvement du 6 juin (M66), un groupe qui appelle à la démission du président Faure Gnassingbé. Lors d’une conférence de presse tenue le 9 juillet 2025, le ministre de la Sécurité, le colonel Calixte Madjoulba, a implicitement désigné le M66 comme responsable des manifestations qui ont eu lieu en juin dernier.
Le M66, qui tire son nom de la date d’anniversaire du président, a organisé plusieurs manifestations au cours du mois de juin, malgré leur interdiction par les autorités, qui les considèrent comme une « tentative de déstabilisation de la sous-région ». Ces manifestations, qui se sont déroulées les 6, 26, 27 et 28 juin, ont été violemment réprimées, entraînant la mort de cinq personnes selon un bilan officiel, tandis que les organisations de la société civile avancent un chiffre de sept.
« Nous irons jusqu’au bout ! » a déclaré le colonel Madjoulba, affirmant que le gouvernement est déterminé à retrouver tous ceux qui incitent à manifester contre le président, où qu’ils se trouvent. Il a souligné que seule la « responsabilité du gouvernement et des forces de l’ordre » a permis d’éviter une escalade de la violence.
Le ministre a également précisé que la majorité des citoyens togolais appelant à manifester résident à l’étranger. Son collègue de l’Enseignement technique, Isaac Tchiakpé, a ajouté que « les réseaux sociaux non réglementés constituent une menace pour l’État de droit », citant une déclaration de l’ancien président américain Barack Obama sur l’impact négatif des réseaux sociaux.
Bien que le gouvernement n’ait pas mentionné le M66 par son nom, il a exposé des contenus de conversations publiques sur les réseaux sociaux qui incitent à la haine et à l’agitation, ciblant ainsi ce groupe. Interrogé, le chanteur Zaga Bambo, membre du M66 et résidant en France, a exprimé son indifférence face aux mandats d’arrêt.
Malgré la répression, le M66 a annoncé de nouvelles manifestations prévues pour les 16 et 17 juillet, coïncidant avec les élections municipales, témoignant ainsi de sa détermination à poursuivre son combat contre le régime de Faure Gnassingbé.
Thom Biakpa