Des manifestants dans les rues de Lomé pour dénoncer la réforme constitutionnelle/ AFP
Au Togo, 56 personnes arrêtées lors des manifestations contre le pouvoir les 5 et 6 juin 2025 ont été remises en liberté, comme l’a annoncé le procureur de la République dans un communiqué diffusé à la télévision d’État. Ces mobilisations, qui coïncidaient avec l’anniversaire du président du Conseil, Faure Gnassingbé, ont été marquées par des tensions et des affrontements avec les forces de l’ordre.
Les manifestations, qui ont débuté dans plusieurs quartiers de Lomé, visaient à dénoncer la réforme constitutionnelle, la hausse des prix de l’électricité, ainsi que des arrestations ciblées, notamment celle du rappeur Aamron, connu pour ses critiques virulentes du régime sur les réseaux sociaux. Aamron a été enlevé par des gendarmes le 26 mai alors qu’il se trouvait chez lui. Peu après son arrestation, il a publié une vidéo sur TikTok dans laquelle il présentait des excuses au président Gnassingbé, tout en affirmant souffrir de troubles psychiatriques. Son avocat, président de la Ligue togolaise des droits de l’homme, a dénoncé cette vidéo comme ayant été réalisée « sous contrainte ».
Malgré la libération de 56 manifestants, une vingtaine d’autres restent en garde à vue. Leur détention a été prolongée pour les besoins de l’enquête, comme l’a précisé le procureur dans son communiqué. Ces personnes doivent être présentées devant le procureur ce 10 juin. Les avocats mobilisés pour leur défense, dont quatre se sont rendus sur place, espèrent obtenir leur libération sans conditions.
Les autorités togolaises ont qualifié ces mobilisations d’illégales, les considérant comme un « mouvement de révolte contre les institutions de la République ». Le déploiement d’un important dispositif de sécurité a été observé lors des manifestations, avec des forces de l’ordre utilisant des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Plusieurs journalistes, y compris une reporter de TV5 Monde, ont été brièvement interpellés et contraints d’effacer les images qu’ils avaient capturées.
Cette situation met en lumière les tensions croissantes au Togo, où les préoccupations concernant les droits de l’homme et la liberté d’expression continuent de susciter des inquiétudes. Les mobilisations récentes témoignent d’un mécontentement croissant face aux politiques du gouvernement et à la répression des voix dissidentes. Les prochaines heures seront cruciales pour les personnes encore en garde à vue, alors que la communauté internationale et les défenseurs des droits de l’homme surveillent de près l’évolution de la situation.
Thom Biakpa