La chanteuse malienne Rokia Traoré / photo AFP
En détention depuis six mois en Europe, la chanteuse malienne Rokia Traoré, s’est présentée devant le Tribunal correctionnel de Bruxelles le lundi 23 décembre 2024. Cette affaire complexe découle d’un conflit qui l’oppose au dramaturge belge Jan Goossens concernant la garde de leur fille, née en 2015. En 2023, Rokia Traoré a été condamnée par contumace par le Tribunal de Bruxelles pour « non-représentation d’enfant », une décision qui a conduit à son arrestation en Italie en juin dernier, suivie de son extradition vers la Belgique il y a deux semaines.
Lors de l’audience, Rokia, vêtue d’une doudoune noire sans manches et arborant un bandeau sombre sur ses cheveux courts, a pris la parole d’une voix faible, ses traits marqués par l’épreuve. Le président du tribunal a dû lui demander de s’exprimer plus fort. « Je n’ai aucun problème à ce qu’il y ait un procès, que l’on règle cela une bonne fois pour toutes », a-t-elle déclaré, les mains menottées dans le dos. Son avocat a plaidé pour un nouveau procès, où la chanteuse serait présente, contrairement à celui qui l’avait condamnée en 2023 pour non-présentation d’enfant.
Cependant, la situation s’est compliquée par le fait que Rokia Traoré vient de changer d’avocat. « Je ne suis pas en mesure aujourd’hui de défendre sur le fond du dossier, qui est complexe », a plaidé Dimitri de Béco. Il a donc demandé un report de l’examen de cette demande, ce qui a été accepté par le Tribunal, fixant une nouvelle audience au 8 janvier 2025. En revanche, la demande de libération de Rokia Traoré avant le procès a été rejetée. Le procureur a exprimé des craintes quant à un risque de fuite, soulignant que « c’est la cage qui s’ouvre et l’oiseau qui s’envole », une référence à la possibilité que Rokia s’échappe, comme cela s’est produit par le passé.
L’avocat de Jan Goossens a rappelé que son client n’a pas pu voir sa fille depuis plus de cinq ans et a souligné que chaque fois que Rokia a eu l’occasion de le faire, elle a fui, notamment en rentrant au Mali après avoir été arrêtée en France en 2020. « Je voudrais que ma fille puisse voir son père, moi aussi », a confié la chanteuse, mais ses paroles n’ont pas semblé convaincre le tribunal, qui se préparera à juger le fond de l’affaire au début de l’année prochaine.
Dans la salle d’audience, Jan Goossens, assis au deuxième rang, ne pouvait s’empêcher d’étouffer quelques soupirs, notamment lorsque son ancienne compagne a expliqué au juge qu’elle avait « peur depuis des années d’amener sa fille en Belgique et qu’elle n’en reparte pas ». Cette affaire, marquée par des émotions intenses et des enjeux familiaux cruciaux, continue de susciter l’attention et l’inquiétude des parties concernées.
Thom Biakpa