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mercredi, octobre 30, 2024
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Niger : Le Général Abdourahamane Tiani retire le permis d’exploitation d’un important gisement d’uranium à une entreprise française

La junte nigérienne vient de retirer à la société Orano le permis d’exploitation du gisement d’Imouraren

Photo : AFP

La rupture entre Niamey et Paris ne se limite pas aux aspects diplomatiques ; elle s’étend également à d’autres domaines, notamment économiques et plus précisément aux accords dans le secteur minier. La société française Orano (ex-Areva), en a récemment fait les frais. L’entreprise, qui était chargée de l’exploitation de l’important gisement d’uranium d’Imouraren dans le nord du pays, s’est vu retirer son permis d’exploitation dans l’après-midi du jeudi 20 juin, par la junte suite à une décision unilatérale.

« Orano prend acte de la décision des autorités du Niger de retirer à sa filiale Imouraren SA son permis d’exploiter le gisement, et ce, malgré la reprise des activités sur ce site conformément aux attentes qu’elles avaient exprimées », a écrit le groupe français dans un communiqué transmis jeudi à l’AFP.

Le 12 juin dernier, un porte-parole d’Orano avait annoncé à l’AFP que des travaux préparatoires avaient été lancés récemment. L’entreprise française avait précisé que les infrastructures du gisement étaient « rouvertes depuis le 4 juin 2024 pour accueillir les équipes de construction et faire avancer les travaux ». « Plusieurs dizaines de personnes étaient mobilisées durant la phase de relance du projet. À terme, Imouraren SA devait employer 800 personnes, sous-traitants compris », a indiqué Orano jeudi soir.

Cependant, le régime militaire au pouvoir à Niamey depuis juillet 2023 ne s’en préoccupe guère. Déterminé à se séparer systématiquement de tout ce qui est français, il avait, dans une note datée du 11 juin et signée par son ministère des Mines, rappelé que le permis d’exploitation d’Imouraren serait retiré à Orano et remis « au domaine public » si des « travaux d’exploitation » n’avaient pas commencé dans un « délai de trois mois », après le 19 mars. Dans cette même note, le ministère rappelait qu’Orano avait reçu une première mise en demeure pour reprendre des travaux dès février 2022. C’est cette menace qui a donc été mise en exécution.

De son côté, Orano se dit « disposé à maintenir ouverts tous les canaux de communication avec les autorités du Niger sur ce sujet, tout en se réservant le droit de contester la décision de retrait du permis d’exploitation devant les instances judiciaires compétentes, nationales ou internationales ».

Interrogé par l’AFP suite à la rupture de cet accord, le ministère français de l’Économie a indiqué que « la sécurité d’approvisionnement du pays n’est pas menacée, le gisement en question n’étant pas critique ». Le Niger, longtemps allié de la France, a désormais tourné le dos à Paris. Les généraux au pouvoir ont obtenu le départ des militaires français et multiplient les invectives contre l’ancienne puissance coloniale. En parallèle, Niamey cherche de nouveaux alliés et crée de nouveaux partenariats, notamment avec la Russie ou l’Iran.

Imouraren, situé dans le nord du Niger, est l’un des plus grands gisements d’uranium au monde, avec des réserves estimées à 200 000 tonnes. Son exploitation aurait dû débuter en 2015, mais la chute des prix de l’uranium sur le marché mondial, après la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon en 2011, avait gelé les opérations d’Orano (ex-Areva).

Le Niger fournit 4,7 % de la production mondiale d’uranium naturel, loin derrière le Kazakhstan (45,2 %), selon des chiffres de 2021 de l’agence d’approvisionnement d’Euratom (ESA). Environ un quart de l’approvisionnement en uranium naturel aux centrales nucléaires européennes en 2022 provenait du Niger, le deuxième pays derrière le Kazakhstan et devant le Canada.

Thom Biakpa

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