Entre Macron et Tebboune, la crise a repris de plus belle / AFP
Les autorités algériennes sont en colère après la décision de la France de réaffirmer son soutien au plan du Maroc pour le Sahara occidental. Alger qui n’accepte pas que Paris puisse se ranger du côté du Maroc en soutenant son plan comme « la seule base » permettant de résoudre le conflit avec les indépendantistes du Polisario, vieux de près de 50 ans, a décidé de retirer immédiatement son ambassadeur à Paris.
Cette crise jette du coup un grand froid entre les deux pays et fait planer une grosse incertitude sur la prochaine visite de Abdelmadjid Tebboune, le président algérien en France.
Depuis la semaine dernière, Alger qui soutient les indépendantistes sahraouis, avait mis en garde la France contre son idée de se ranger du côté du Maroc.
Selon un communiqué d’Alger, la France a fini par donner sa caution « franche et catégorique » au « fait colonial imposé » au Sahara occidental. L’Algérie dénonce ainsi « la légèreté » et « la grande désinvolture » du gouvernement français actuel qui a franchi un pas qu’« aucun autre gouvernement français n’avait cru devoir franchir ». La France, poursuit le communiqué, « ne mesure pas toutes les retombées potentielles d’une telle décision ».
Alger estime qu’en reconnaissant le plan d’autonomie marocain comme la seule base de règlement du conflit du Sahara occidental dans le cadre de la prétendue souveraineté du Maroc, la France « bafoue la légalité internationale et prend fait et cause pour la négation du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ».
Réagissant au coup de sang des autorités algériennes, la France a indiqué avoir « pris note de la décision de l’Algérie de rappeler son ambassadeur » tout en se disant déterminée à approfondir sa relation avec l’Algérie pour en faire bénéficier les peuples français et algérien. « Nous n’avons pas à commenter cette décision souveraine », a déclaré à l’AFP une source diplomatique . « Pour notre part, nous restons déterminés à poursuivre l’approfondissement de notre relation bilatérale avec l’Algérie », a-t-il ajouté.
Pour rappel, l’histoire du Sahara occidental est celle d’un territoire désertique peuplé par des tribus nomades, qui n’a jamais été organisé en État-nation. Elle est intimement liée à celle de ses voisins, le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie. Après quelques tentatives infructueuses au xve siècle, les Espagnols en font une colonie entre 1884 et 1975. À la suite du désengagement de l’Espagne en 1975 qui abandonnait ce territoire sans procéder au référendum du Peuple Sahraoui pour lequel elle était mandatée par l’ONU, le territoire était militairement envahi et annexé par le Maroc et la Mauritanie ; le Front Polisario, un mouvement indépendantiste, entreprend une lutte armée. Le Sahara occidental est aujourd’hui un territoire non autonome selon l’Organisation des Nations unies, revendiqué par le Royaume du Maroc (qui en contrôle environ 80 %) et la République arabe sahraouie démocratique (qui en contrôle environ 20 %) ; son statut définitif reste en suspens depuis le cessez-le-feu de 1991.