L’ancien président de la transition burkinabé Paul Henri Damiba a été radié de l’armée / photo: Bamada.net
Le Burkina Faso traverse une période de turbulences politiques et militaires, marquée par la récente décision du capitaine Ibrahim Traoré, actuel dirigeant du pays, de radier plusieurs officiers des forces armées. Parmi les radiés figure Paul-Henri Sandaogo Damiba, ancien président de la transition, qui a été exilé au Togo depuis sa chute en septembre 2022. Cette décision, prise par le biais de décrets signés le 30 octobre dernier, a suscité de vives réactions au sein de la population et des observateurs dela scène politique burkinabè.
Au total, seize officiers et sous-officiers de divers grades ont été concernés par cette mesure. Les décrets stipulent que ces militaires ont commis une faute jugée particulièrement grave, à savoir une atteinte à la dignité militaire. Cette atteinte est caractérisée par des intentions présumées de porter les armes contre l’État et de compromettre la défense nationale. Les accusations portées contre ces officiers incluent des allégations d’intelligence avec des puissances étrangères et des groupes terroristes, ce qui, selon le gouvernement, aurait pour but de favoriser des actions hostiles contre le Burkina Faso.
Parmi les officiers radiés, on retrouve le lieutenant-colonel Evrard Somda, ancien chef d’état-major de la Gendarmerie nationale, qui avait été arrêté il y a plusieurs mois et maintenu dans un régime de détention secrète. Le colonel Yves-Didier Bamouni, ancien commandant des opérations dans la lutte antiterroriste, ainsi que le lieutenant-colonel Check Hamza Tidiane Ouattara, ex-commandant de la légion spéciale de la gendarmerie nationale, figurent également sur la liste des radiés. Le commandant Alphonse Zorma, ancien procureur de la justice militaire de Ouagadougou, a également été écarté des rangs de l’armée.
Les décrets de radiation ne se limitent pas à des intentions de rébellion armée. Ils soulignent également la responsabilité de ces officiers dans une prétendue entreprise de démoralisation des forces armées et des populations, ce qui aurait pour effet de nuire à la défense nationale. Cette situation soulève des questions sur la cohésion au sein des forces armées burkinabè et sur les défis auxquels le pays est confronté dans sa lutte contre le terrorisme et l’instabilité.
La décision de radier ces officiers s’inscrit dans un contexte plus large de réformes militaires et de réorganisation des forces armées, alors que le Burkina Faso fait face à une insurrection jihadiste qui a causé des milliers de morts et des millions de déplacés. Le capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris le pouvoir lors d’un coup d’État en septembre 2022, semble déterminé à asseoir son autorité et à renforcer la discipline au sein de l’armée, tout en cherchant à restaurer la confiance du peuple burkinabè envers ses institutions militaires.
Cette situation complexe met en lumière les tensions internes au sein des forces armées et les défis auxquels le Burkina Faso doit faire face pour garantir la sécurité et la stabilité du pays. Les prochaines semaines seront cruciales pour observer comment ces changements affecteront la dynamique militaire et politique du pays, ainsi que la réponse des populations face à ces décisions controversées.
Thom Biakpa