La CEDEAO va se débarrasser d’ici le 30 septembre prochain de 135 fonctionnaires issus de l’AES Photo: Minute.bf
Les fonctionnaires de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) originaires des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont récemment reçu leur lettre de fin de contrat. En effet, depuis le 29 janvier 2025, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ne sont plus officiellement membres de cette organisation régionale. Bien que les modalités de sortie restent à négocier, la situation des fonctionnaires de l’AES travaillant pour la Cédéao a été clairement définie : leur contrat prendra fin dans huit mois, le 30 septembre prochain.
Les lettres de résiliation ont déjà été envoyées, touchant 135 employés maliens, nigériens et burkinabè, selon les informations fournies à RFI par la Cédéao. Ce chiffre a légèrement augmenté depuis juillet, où 130 personnes étaient concernées, en raison de quelques embauches temporaires. Tous ces fonctionnaires recevront une indemnité équivalente à trois mois de salaire, à laquelle s’ajoutera un mois par année d’ancienneté, avec un plafond fixé à douze mois.
Ces mesures n’ont pas fait l’objet de négociations, car elles sont conformes aux règlements internes de la Cédéao et aux contrats signés.
Un fonctionnaire de haut niveau, qui a souhaité garder l’anonymat, a partagé son ressenti sur cette situation. Bien qu’il ne prenne pas clairement position sur la sortie des trois pays, il exprime des doutes quant à la pertinence de cette décision, surtout en l’absence de consultation des populations concernées. À la réception de sa lettre de rupture de contrat, il a ressenti une profonde amertume : « Nous nous y attendions, mais je ne pensais pas que cela se ferait aussi rapidement et sans aucune empathie. Nous avons reçu la notification par mail, sans préparation, alors que certains d’entre nous ont plus de vingt ans d’ancienneté ! Nous sommes les victimes d’une décision qui ne dépend pas de nous. »
Quant à l’avenir, il déclare que tout dépendra des opportunités qui se présenteront. Il n’exclut pas la possibilité d’une nouvelle expatriation ou d’un retour dans son pays pour contribuer au développement des institutions nationales. « Il n’y a rien de plus gratifiant que de participer à l’essor de son pays, confie-t-il, mais je suis un démocrate. Je ne sais pas si je pourrai être utile au régime militaire en place. »
Cependant, ce fonctionnaire se préoccupe davantage du sort des 75 millions de citoyens des pays de l’AES que de sa propre carrière. « Il ne s’agit pas seulement de moi ou des autres fonctionnaires concernés, mais de l’avenir de ces populations ! Qu’adviendra-t-il d’eux ? » s’interroge-t-il. Ses inquiétudes portent principalement sur les résultats des négociations à venir.
La Cédéao a constitué un comité chargé de discuter avec les trois pays de l’AES des modalités de sortie, qui incluent des questions telles que la libre circulation des personnes et des biens, les conditions d’installation et de création d’entreprises, ainsi que les programmes économiques et d’infrastructures soutenus par la Cédéao au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Les trois pays se disent également prêts à engager des négociations, en adoptant une approche globale et en faisant front commun. Tant la Cédéao que l’AES affirment vouloir privilégier l’intérêt des populations dans ce processus.
Thom Biakpa