Le général Abdourahamane Tiani, chef de l’Etat nigérien/ AFP
Le climat diplomatique entre le Bénin et le Niger s’est considérablement détérioré suite aux accusations portées par le président de transition nigérien, le général Abdourahamane Tiani. Lors d’une interview diffusée sur la chaîne Télé Sahel le 31 mai 2025, Tiani a affirmé que le Bénin abritait des bases d’entraînement pour des jihadistes, une allégation que Cotonou a catégoriquement rejetée.
Le ministre béninois des Affaires étrangères, Oloushegun Adjadi Bakari, a exprimé son indignation face à ces accusations, les qualifiant de « graves et sans fondements ». Il a souligné que le Bénin est engagé dans une lutte déterminée contre le terrorisme, tant sur son territoire qu’en provenance des pays voisins, et a dénoncé l’inacceptabilité de telles insinuations. « Tenter d’associer notre pays à de telles pratiques est non seulement inacceptable mais aussi profondément injuste à l’égard de nos forces de défense et de sécurité et de notre peuple tout entier », a-t-il déclaré.
La fermeture de la frontière entre le Niger et le Bénin, instaurée après le coup d’État du 26 juillet 2023 qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, a exacerbé les tensions. Le général Tiani a justifié cette mesure en insinuant que le Bénin soutenait des activités déstabilisatrices au Niger. En réponse, Oloushegun Adjadi Bakari a affirmé que le Bénin respecte la souveraineté du Niger tout en défendant son droit à choisir ses partenaires de coopération. Il a également mis en avant la résilience économique du Bénin, qui a enregistré une croissance de 7,5 % en 2024, malgré la fermeture de la frontière.
Le ministre a insisté sur le fait que les peuples des deux nations n’attendent pas des invectives, mais des solutions concrètes aux défis auxquels ils font face. Il a réaffirmé l’engagement du Bénin envers les principes de paix, de coopération et de bon voisinage, tout en précisant que le pays ne transigera jamais sur son honneur ni sur sa souveraineté.
Les tensions entre le Bénin et le Niger ne se limitent pas aux accusations de terrorisme. Le général Tiani a également dénoncé des forces néocolonialistes, citant la France, l’Union européenne et les États-Unis, qu’il accuse de vouloir déstabiliser le Niger. En parallèle, il a esquivé les questions concernant les récentes attaques jihadistes qui ont coûté la vie à plus de 100 membres des forces de sécurité nigériennes.
Cette situation complexe souligne les défis auxquels sont confrontés les deux pays dans un contexte régional marqué par l’insécurité et les tensions politiques. Les relations entre le Bénin et le Niger, historiquement marquées par la coopération, sont désormais mises à l’épreuve, et l’avenir de cette dynamique dépendra des efforts déployés par les deux nations pour surmonter leurs différends.
Thom Biakpa
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