Après deux semaines d’interruption dues à une pénurie de carburant provoquée par un blocus jihadiste, les écoles ont rouvert leurs portes ce lundi 10 novembre à Bamako et dans plusieurs villes du Mali. Si la capitale et les grands centres urbains retrouvent peu à peu un rythme normal, les établissements ruraux restent fortement affectés par le manque d’essence et d’électricité.
Depuis la rentrée de septembre, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, mène une offensive économique en s’attaquant aux convois de carburant en provenance des pays voisins notamment le Sénégal et la Côte d’Ivoire, principales voies d’approvisionnement du Mali. Ce blocus du carburant, qui vise à asphyxier l’économie nationale, a rapidement paralysé le transport et les services essentiels, poussant la junte au pouvoir à suspendre temporairement les cours dans les écoles et les universités il y a deux semaines.
Face à l’amélioration relative de la situation, le ministère de l’Éducation nationale a annoncé vendredi dernier la reprise des cours dès ce lundi. À Bamako, les classes ont rouvert leurs portes : « Dans notre établissement, enseignants et élèves sont presque tous revenus », a confié un responsable syndical sous couvert d’anonymat, évoquant un retour progressif à la normale. Plusieurs convois de carburant ont pu rejoindre la capitale et certaines localités enclavées, allégeant la pression sur les populations et sur le gouvernement.
Des zones rurales toujours paralysées
En revanche, dans les régions de l’intérieur, la situation demeure critique. À Dioïla, à 160 kilomètres à l’est de Bamako, les cours ne reprennent que partiellement. « Dans la ville, les écoles ont rouvert, mais dans les villages environnants, les enseignants ne peuvent toujours pas se déplacer faute de carburant », explique un instituteur local.
Même constat à Ségou, au centre du pays, où les écoles tentent de fonctionner malgré de fortes contraintes : « Les cours ont repris, mais l’électricité n’est disponible que quelques heures par jour », déplore un enseignant.
Une crise prolongée et multiforme
Le Mali reste plongé dans une crise sécuritaire majeure depuis 2012, nourrie par les actions de groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Malgré les deux coups d’État de 2020 et 2021, la junte militaire peine à contenir la progression des jihadistes et à stabiliser les zones rurales.
Si la reprise des cours marque un pas vers la normalité, la persistance du blocus et la fragilité logistique du pays rappellent combien le système éducatif malien reste vulnérable aux soubresauts sécuritaires et économiques.
Thom Biakpa




