Les relations diplomatiques entre Washington et Abuja traversent une zone de turbulence. Mercredi 3 décembre, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a annoncé une série de restrictions de visas visant plusieurs ressortissants nigérians suspectés d’être impliqués dans des violences dirigées contre des communautés chrétiennes au Nigeria. Cette décision marque une nouvelle étape dans une escalade politique initiée par le président américain Donald Trump, qui avait récemment menacé d’une intervention militaire dans le pays.
Une mesure ciblée contre des violations de la liberté religieuse
Dans un communiqué officiel, Marco Rubio précise que les personnes visées seraient liées à des actes « ordonnés, autorisés, soutenus ou commis » constituant des violations graves de la liberté religieuse. Washington estime que ces individus seraient associés à des massacres de chrétiens attribués à divers groupes violents opérant au Nigeria, notamment des « islamistes radicaux », des milices peules et d’autres organisations armées présentes dans la région.
Les États-Unis affirment que ces violences, souvent perpétrées dans des zones rurales, continuent de menacer la stabilité du pays le plus peuplé d’Afrique. Pour l’administration américaine, ces actes s’inscrivent dans un contexte de persécution religieuse nécessitant une réaction ferme.
Les tensions ravivées par les déclarations de Donald Trump
Cette initiative américaine intervient un mois après une déclaration retentissante du président Donald Trump. Sur sa plateforme Truth Socials, il avait accusé les autorités nigérianes de « tolérer les meurtres de chrétiens par des terroristes islamistes », allant jusqu’à menacer d’une intervention armée si Abuja ne renforçait pas ses efforts de sécurité.
Ces propos avaient déclenché une vive controverse au Nigeria, où le gouvernement avait dénoncé des accusations « infondées » et affirmé poursuivre activement les responsables d’attaques dans les zones touchées.
Vers une coopération sécuritaire renforcée entre Washington et Abuja ?
Dans un apparent changement de ton, l’administration américaine semble désormais privilégier l’option diplomatique. Selon plusieurs sources officielles, des discussions ont été entamées entre les deux pays portant sur une éventuelle coopération militaire. Une délégation nigériane s’est rendue récemment à Washington, afin d’explorer des pistes de collaboration dans le domaine de la sécurité, notamment en matière de renseignement, de formation et de lutte contre les groupes armés.
Abuja a confirmé l’ouverture de ces pourparlers, soulignant que l’objectif principal est de renforcer ses capacités face aux multiples menaces sécuritaires insurrections jihadistes dans le Nord-Est, tensions communautaires dans le Centre, et violences criminelles dans diverses régions du pays.
Un avenir diplomatique encore incertain
Si les restrictions de visas annoncées par Washington envoient un signal fort, elles pourraient également compliquer davantage les relations entre les deux pays, historiquement partenaires stratégiques. Reste à voir si la voie du dialogue privilégiée ces dernières semaines permettra d’apaiser les tensions ou si les pressions américaines marqueront un tournant dans la coopération sécuritaire entre les deux nations.
Thom Biakpa




