Le Président rwandais Paul Kagamé/ AFP
Le Rwanda a annoncé son retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) à l’issue du 26e sommet de l’organisation, qui s’est tenu le 7 juin à Malabo, en Guinée équatoriale. Cette décision fait suite à des tensions croissantes entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), exacerbées par le refus de la CEEAC de permettre au Rwanda d’assumer la présidence tournante de l’organisation.
Kigali a exprimé son mécontentement face à ce qu’il considère comme une « instrumentalisation » de la CEEAC par la RDC, soutenue par certains États membres. Le communiqué final du sommet a prolongé d’une année la présidence de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, président de la Guinée équatoriale, au lieu de transférer le poste au Rwanda comme prévu. Cette décision a été justifiée par des préoccupations exprimées par les représentants de la RDC, qui ont déclaré qu’ils ne pourraient pas participer aux activités de la communauté si le Rwanda en était l’hôte.
Le Rwanda a dénoncé cette situation, affirmant que ses droits, tels que garantis par les textes constitutifs de la CEEAC, ont été bafoués. Le pays a également critiqué l’incapacité de l’organisation à faire respecter ses propres règles.
Malgré la gravité de cette décision sur le plan politique, les experts estiment que l’impact économique du retrait du Rwanda sera limité. Thierry Vircoulon, chercheur associé au centre Afrique de l’IFRI, souligne que cette décision est davantage symbolique qu’économique. Djimadoum Mandekor, ancien directeur central de la Banque des États d’Afrique centrale, abonde dans ce sens, précisant que les échanges entre les pays de la CEEAC ne représentent même pas 2% des échanges commerciaux du Rwanda, contre 98% avec le reste du monde.
En parallèle, la CEEAC a annoncé le lancement d’une zone de libre-échange prévue pour le 30 août 2025, une initiative qui pourrait redéfinir les dynamiques économiques au sein de la région, même en l’absence du Rwanda.
Ce retrait du Rwanda soulève des questions sur l’avenir de la CEEAC et sur la manière dont les tensions géopolitiques peuvent influencer la coopération régionale en Afrique centrale.
Thom Biakpa