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lundi, décembre 9, 2024
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Cameroun – Un an après son assassinat

Justice pour Martinez Zogo !

 

17 janvier 2023 – 17 janvier 2024. Il y a un an jour pour jour que Martinez Zogo, journaliste camerounais engagé, célèbre animateur de l’émission radio à succès  » Embouteillages « , était enlevé, puis retrouvé sans vie, le 22 janvier de cette année. Son corps, abandonné nu sur un terrain à 25 km environ de la capitale, portait des signes évidents de sévices. 

 

Un crime d’une lâcheté inouïe qui a laissé sans voix non seulement  les Camerounais, mais tout le monde entier.  Les réactions ont fusé de partout et l’affaire a pris très vite une tournure hautement sensible. Le Cameroun encore une fois, venait de s’illustrer de la plus triste des manières, en portant un autre coup fatal à la liberté d’expression et de pensée dans ce pays.  

 

La famille biologique de Martinez Zogo, le monde de la presse au Cameroun, les associations de défense des droits de l’homme, les organisations de la société civile etc., ont beau dénoncé, manifesté et réclamé justice, ils sont encore sur leur faim. L’enquête est toujours en cours, un an après, au niveau du Tribunal militaire de Yaoundé. Une vingtaine de personnes sont mises en examen dont des agents de la DGRE (les services de renseignements) et un homme d’affaires. Le corps de Martinez Zogo, lui, est toujours à la morgue, sous scellés.  

 

Un nouveau juge en charge de l’affaire

 

Ces dernières semaines, un nouveau juge d’instruction, le troisième en date, a été nommé. Sa feuille de route, relancer  l’information judiciaire. Mieux  la conclure et situer une fois pour de bon les responsabilités. Ce juge d’instruction c’est le colonel Pierrot Narcisse Ndzie. Ses premières notes, on peut le dire, sont encourageantes. Le 19 décembre 2023, jour même de sa prise de fonction, il a convoqué et auditionné pendant de longues heures, un élu municipal, le maire de la commune de Bibey, Martin Stéphane Savom. Le soir après cette audition, il a placé ce dernier, considéré comme suspect en détention à la prison principale de Yaoundé où il a rejoint la vingtaine de personnes précédemment inculpées dans cette affaire pour complicité de torture.

 

Jusqu’à ce jour, la piste de l’assassinat suite à la disparition de Martinez Zogo n’est toujours pas évoquée. Cette piste avait été amorcée par le précédent juge d’instruction, Aimé Florent Sikati 2 Kwamo. Malheureusement, celui-ci  été mis sur la touche après l’imbroglio consécutif à l’ordonnance de libération de deux des principaux accusés, l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga et l’ancien patron des services de renseignements camerounais, Léopold Maxime Eko Eko.

 

L’on se souvient que cette ordonnance signée le 1er décembre et présentée quelques heures après comme un faux document, n’a finalement pas été exécutée et fait toujours l’objet selon des sources proches du dossier, d’une enquête interne instruite par le ministre de la Défense au sein du tribunal militaire de Yaoundé. Le juge Ndzie ne s’en est pas tenu à ce seul fait. Il a conduit de nouvelles auditions et confrontations des suspects déjà inculpés.

 

Par ailleurs, la requalification des chefs d’accusation en assassinat, réclamée notamment par les avocats des ayants droits de Martinez Zogo, n’est toujours pas intervenue. Tous les prévenus restent poursuivis pour « torture », « complicité de torture par aide » et « non respect des consignes ». Selon des sources proches de l’enquête, les membres du commando ayant procédé à l’enlèvement de Martinez ont reconnu avoir participé aux actes de tortures sur le journaliste et déclaré l’avoir laissé vivant après leur forfait. « Aujoud’hui, on nous parle de torture et de complicité de torture. Or, nous avons un individu qui est décédé. Les membres du commando

ont reconnu avoir porté des sévices à son encontre. Il faudrait que l’infraction sur laquelle on mène l’instruction corresponde aux actes qui ont été posés, à savoir l’enlèvement, séquestration, torture et assassinat », insiste Maître Calvin Job, l’un des avocats de la famille. Il « revendique la possibilité d’avoir accès au dossier et la réponse à nos demandes de requalification, d’expertise et d’audition ».

 

De leurs côtés, les suspects restent évasifs et avancent des versions contradictoires sur l’identité du ou des commanditaires. Cela ne rassure pas les proches : « notre principale inquiétude, c’est de ne pas savoir qui a commandité et qui est l’auteur de l’assassinat horrible de Martinez Zogo », admet le conseil des victimes.

 

Au sujet de cet assassinat odieux et crapuleux, il est troublant et douloureux de constater que malgré une année, l’enquête semble encore piétiner, sans progrès significatif vers la justice, laissant la famille de la victime dans un état d’angoisse et de désespoir.

 

Il est temps que les auteurs de ce crime soient jugés. Toute chose qui apporterait du soulagement et de la paix dans les coeurs au Cameroun. Cela permettrait aussi qu’une telle tragédie ne se reproduise plus au pays de Paul Biya. Justice pour Martinez Zogo !

 

Thom Biakpa

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