Bola Tinubu, le président nigérian, va prendre les commandes de l’institution à partir de l’année prochaine. Une lourde mission dans un contexte stratégique perturbé par divers conflits entre les États et groupes rivaux au sein de la Communauté. Quelle méthode pourrait-il employer pour calmer les tensions et ramener la paix dans la zone ? Le cas précis du Mali interrogé.
Les missions principales de la CEDEAO, la quête de la paix et de la sécurité, la promotion de la solidarité entre ses États membres, connaissent des défaillances au regard des disparités observées dans les rapports que mènent à l’intérieur du groupe les pays de la Communauté Ouest africaines et l’extérieur, notamment l’Occident. La situation particulière des relations entre le Mali et la CEDEAO, démontre la division entre les États.
Depuis 2021, les autorités maliennes au pouvoir parviennent à résister tant bien que mal aux sanctions imposées au Mali par la CEDEAO en raison du coup d’État militaire conduit par le colonel Assimi Goïta. La pression de l’Occident sur la CEDEAO a provoqué l’isolement de Bamako dont les gouvernants dans leurs actions, réclament entre autres la réévaluation des accords économiques et politiques avec la France. Une ambition mal perçue par Paris. L’Élysée a actionné sa diplomatie en Afrique pour essayer de mettre dos au mur les dirigeants maliens avec l’intervention directe de la CEDEAO. Bola Tinubu réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont eu des difficultés à ramener la paix et la sécurité dans la sous-région ?
« Pour qu’il y ait un schéma différent de ce que nous constatons depuis plusieurs années, il faut que les leaders de la CEDEAO créent des consensus par exemple au niveau de la limitation des mandats présidentiels comme c’est le cas au Nigéria ; il faut surtout envisager un dispositif sécuritaire de pointe pour limiter la circulation illégale des armes à feu. Mais surtout sanctionner les acteurs des groupes rebelles. C’est la CEDEAO elle-même qui trouvera les réponses aux crises qu’elle traverse et non les partenaires occidentaux qui ont des intérêts différents de ces objectifs. Le président Tinubu aura du pain sur la planche », précise un politologue.
La problématique de la souveraineté des États se pose à côté des préoccupations sur la capacité de certains dirigeants à prendre des décisions sans être influencés par des partenaires étrangers.
Tchuisseu Lowé