Il y a 30 ans que le « Père de la nation » nous a quittés !
7 décembre 1993 – 7 décembre 2023. ll y a exactement 30 ans, que Félix Houphouët Boigny, le père de la nation ivoirienne rendait son dernier soupire. 30 ans que » Dja Houphouet » dort à jamais à Yamoussoukro son village natal, par ailleurs, capitale politique de la Côte d’Ivoire.
En cette occasion commémorative du décès du Père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, c’est le tout le pays qui est plongé dans le recueillement. Plusieurs activités, notamment une messe solennelle pour le repos de son âme et des festivités pour saluer la mémoire de l’illustre disparu sont prévues. Mianmédia dans la dynamique de cette célébration, vous replonge dans l’ambiance de l’atmosphère qui a prévalu en Côte d’Ivoire, aux premières heures de l’annonce du décès du Bélier de Yamoussoukro.
Retour sur l’annonce d’une nouvelle triste
Ce mardi 7 décembre 1993 dans toutes les communes d’Abidjan et sur toute l’étendue du territoire national, l’on s’apprête à célébrer le trente-troisième anniversaire de l’indépendance. Pour l’occasion, le Premier ministre Alassane Dramane Ouattara assiste tôt le matin, en compagnie du président de l’Assemblée nationale, Henri Konan Bédié, à une cérémonie de « prise d’armes » au palais présidentiel. Pour la première fois, le chef de l’État Félix Houphouët-Boigny est absent. Il est resté à Yamoussoukro, son village natal. À 10 heures,, la rumeur locale, annonce sa mort. Les officiels ivoiriens eux ne réagissant pas pour confirmer ou infirmer les bruits sur le décès du président qui se répandent à travers tout le pays comme une traînée de poudre.
À la mi-journée, Radio France Internationale (RFI), qui testait en ce moment là ses premières émissions en ondes courtes (FM) en Côte d’Ivoire, rend publique la mort du « père de la Nation ». À 13 heures, Alassane Ouattara la confirme officiellement dans les studios de la Radiotélévision ivoirienne (RTI). gé de 88 ans et malade depuis six mois, Houphouët-Boigny souffrait d’un cancer de la prostate. Un mal pernicieux, qui, dès juin, l’avait conduit en France pour des soins. Revenu discrètement sur une civière en Côte d’Ivoire en novembre, Boigny ou « bélier », en langue baoulé ne quittait plus son palais où seuls étaient admis son médecin, la famille restreinte et quelques proches.
Le vieux n’est plus, c’est la guerre de succession
De nombreux Ivoiriens pleurent la mort de celui qui a incarné la vie politique dans leur pays pendant un demi-siècle en observant un deuil national de deux mois (du 7 décembre 1993 au 7 février 1994). Les héritiers, eux, n’attendront pas pour se disputer la succession. Avant même l’inhumation du « Vieux », son dauphin constitutionnel Henri Konan Bédié s’autoproclame président de la République, tandis que le gouvernement de Ouattara donne sa démission. Un bras de fer oppose les deux hommes, et le pire est évité de justesse. A Abidjan, on parlait déjà de coup d’État. Le 1er février, la dépouille du défunt est transférée à Abidjan pour recevoir les hommages des forces de sécurité et défense ainsi que des représentations diplomatiques. Suivent dignitaires religieux, hauts responsables politiques ou économiques, représentants du monde associatif et culturel… Les 3 et 4 février, tout au long de la journée, une foule d’hommes, de femmes et d’enfants pleurent devant la dépouille de « Foufoué », comme l’appelaient affectueusement ses compatriotes. Le samedi 5, à 13 heures, le cortège funèbre prend la route de Yamoussoukro ; à 17 heures, il arrive à la fondation Félix-Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Deux jours durant, les hommages affluent.
Le monde entier se retrouve à Yamoussoukro pour les obsèques d’Houphouet Boigny
Le 7 février, vingt-sept chefs d’État et des représentants de cent vingt autres pays adressent un ultime adieu à Houphouët sous la coupole de la basilique Notre-Dame-de-la-Paix. Il y a là, le président français François Mitterrand, son Premier ministre Édouard Balladur et tous les anciens Premiers ministres français. On note aussi la présence de l’ancien chef de l’État français Valéry Giscard d’Estaing, du président de la Commission européenne d’alors Jacques Delors ou encore de Jacques Foccart. Avaient également fait le déplacement de Yamoussoukro, les présidents Abdou Diouf, Mobutu SeseSeko, Omar Bongo, Jerry Rawlings, Gnassingbé Eyadéma, etc. Des représentants des organisations internationales, de hauts dignitaires des cinq continents s’inclinent devant la dépouille du vieux « crocodile ». La cérémonie funéraire dure toute la matinée à la basilique, puis, à 17 heures, le corps est solennellement remis à la famille pour l’inhumation dans l’intimité, au coeur de la résidence privée.
Les années post-décès de Félix Houphouët Boigny sont marquées par plusieurs crises socio-politiques en Cote d’Ivoire. Le pays s’enlise dans une spirale de violences et d’instabilité. En 1995, un boycottage actif des élections accompagné de morts d’hommes est enregistré. Cette dégradation du tissu social provoque un coup d’État le 24 décembre 1999 qui chasse du pouvoir Henri Konan Bédié. Le pic est atteint le 19 septembre 2002, avec un autre coup d’Etat perpétré contre le régime Gbagbo qui se mu en une rébellion séparant le pays en deux.
Tous ces faits ont dû faire se retourner dans sa tombe Félix Houphouet Boigny, apôtre de la paix. Les valeurs qu’ils pronaient ont été pendant longtemps foulées aux pieds par ces successeurs sur l’autel de leurs ambitions. Fort heureusement depuis un peu plus d’une décennie, la stabilité, la paix et la tranquillité sont revenues. De quoi adoucir le sommeil éternel du « Vieux » dans son palais de Yamoussoukro.