La Cour criminelle spécialisée de Libreville a rendu, ce mardi 18 novembre, un verdict très attendu : neuf anciens proches collaborateurs de Sylvia et Noureddin Bongo ont été reconnus coupables de détournement massif de fonds publics, corruption et blanchiment d’argent. Ils écopent de peines allant de deux à quinze ans de prison. Cette décision intervient moins d’une semaine après la condamnation, par contumace, de Sylvia et Noureddin Bongo à vingt ans de réclusion criminelle.
En clôturant un procès de huit jours retransmis en direct à la télévision nationale, le président de la Cour, Jean Mexant Essa Assoumou, a évoqué « un moment historique » pour le Gabon. L’affaire a été suivie de près par une population avide de transparence après des années de scandales et de soupçons autour de la gestion du pouvoir sous Ali Bongo.
Sur les dix personnes jugées toutes liées à la présidence ou à l’entourage de Noureddin Bongo, surnommé le chef de la « Young Team » neuf ont été déclarées coupables. Un seul accusé a été relaxé. Outre les peines de prison, la Cour a ordonné le remboursement du préjudice moral infligé à l’État, évalué à plusieurs milliards de francs CFA.
Un système de prédation décrit au grand jour
Arrêtés lors du coup d’État d’août 2023, les prévenus faisaient face à une longue liste de charges : complicité de détournement de fonds publics, corruption active, concussion, faux et usage de faux, association de malfaiteurs et blanchiment de capitaux.
Les témoignages livrés à la barre ont permis de lever le voile sur un système organisé de captation de richesses publiques au profit de cercles privés. Le procureur général, Eddy Minang, a dénoncé un mécanisme où « l’argent du peuple a été pris, recyclé, blanchi, et réinvesti dans un luxe déconnecté », une pratique qui aurait perduré durant les quatorze années de règne d’Ali Bongo (2009-2023).
Plusieurs accusés ont décrit, parfois avec une précision saisissante, les sommes astronomiques ponctionnées dans les caisses de l’État et les avantages reçus sous forme de primes, alimentant un train de vie extravagant.
Sylvia et Noureddin Bongo absents du procès
Libérés provisoirement après vingt mois de détention et autorisés à quitter le pays, Sylvia et Noureddin Bongo se sont installés à Londres. Ils n’ont pas regagné le Gabon pour répondre aux charges qui pèsent sur eux, entraînant leur jugement par contumace.
Selon l’accusation, l’argent détourné aurait permis aux Bongo d’investir dans des champs pétroliers pour environ 350 milliards de francs CFA (près de 533 millions d’euros), d’acquérir deux avions Boeing pour 195 milliards de francs CFA (environ 297 millions d’euros) ainsi que divers biens mobiliers au Gabon, au Maroc et à Londres pour un montant avoisinant 170 milliards de francs CFA (259 millions d’euros).
Au total, Sylvia et Noureddin Bongo sont soupçonnés d’avoir détourné près de 4 917 milliards de francs CFA, soit environ 7,5 milliards d’euros une estimation vertigineuse qui illustre l’ampleur du pillage présumé.
Thom Biakpa




