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dimanche, octobre 13, 2024
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Guinée : Massacre du 28 septembre, en plein procès, Dadis Camara s’en prend à un avocat : « Vous avez la haine ! Ce que vous dites est insensé ! »

Dadis Camara a complètement perdu le self-contrôle ce lundi au tribunal / Photo: Laguinée.info

En Guinée, le procès sur le massacre du 28 septembre 2009 est à l’étape des plaidoiries des parties civiles. Entre la semaine dernière et le lundi 20 mai, ce sont 14 avocats qui se sontsuccédé à la barre sur une quinzaine au total. Dans sa plaidoirie pour le compte de la partie civile, Maitre Kabinet Kourala Keita est revenu sur l’évasion manquée du capitaine Moussa Dadis Camara en novembre 2023. Une tentative de l’ancien chef d’Etat guinéen de se soustraire à la justice de son pays qui, selon l’avocat, achève de convaincre sur la culpabilité de Moussa Dadis Camara dans le massacre perpétré contre les manifestants, le 28 septembre 2009 au stade de Conakry.

« Un président qui cherche à s’évader ? C’est inacceptable. Mais est-ce que le président connaît le sens de l’évasion ? S’évader, c’est de se soustraire à la justice de son pays, c’est de se soustraire à la rigueur de la loi, c’est de se soustraire à sa responsabilité, c’est de fuir sa responsabilité. Mais c’est extraordinaire », indique l’avocat.

Pour Maitre Kabinet Kourala Keita, le procureur doit « requérir les circonstances les plus aggravantes contre le capitaine Dadis pour tentative d’évasion, voulant ainsi se soustraire à la justice de son pays ».

Mais le conseil de la partie civile n’aura pas le temps d’aller un peu plus loin dans sa démonstration, puisqu’il a été stoppé net par un Moussa Dadis Camara noir de colère. Celui-ci tente dans un premier temps de demander la parole au président du tribunal Ibrahima Sory II Tounkara. Puis, ne pouvant plus contenir sa colère face à l’argumentaire de l’avocat, il bondit subitement de son siège et s’en prend ouvertement à lui : «Vous avez la haine ! Ce que vous dites est insensé ! Ce n’est rien d’autre que de la haine. Vous n’êtes pas un spécialiste. On est dans un cas spécial. Vous n’allez pas vous arrêter et dire des paroles insensées. C’est insensé. Regardez-moi ça. Vous étiez là-bas ? », lance-t-il tout excité.

Le président du tribunal tente alors de le calmer, mais Dadis continue dans ses invectives contre l’avocat de la partie civile. Il finit tout de même par le rappeler à l’ordre : « M. Camara, quand vous dépassez les bornes, le tribunal sera obligé d’intervenir. Qu’est-ce que cela veut dire, calmez-vous ! », lui intime-t-il.

Dadis Camara finit donc par se rassoir, tout tremblant de colère. L’avocat peut alors poursuivre ses démonstrations. Il évoque tour à tour la responsabilité de l’ex-président dans le massacre et demande la requalification des faits en crimes contre l’humanité. Dadis Camara est agacé, contrarié, mais ne peut plus ouvrir la bouche, car il n’a aucunement le droit d’intervenir pendant la plaidoirie de la partie civile.

D’ailleurs, la semaine dernière, il avait déjà coupé un avocatdans sa plaidoirie. Ce nouveau coup de sang manifesté ce lundi en plein procès alors qu’il n’avait pas droit à la parole, risque de lui être préjudiciable.  

Après les avocats des parties civiles, ce sera au ministère public de prendre la parole pour ses réquisitions. Enfin, la défense pourra s’exprimer. Le verdict, lui, est attendu avant le mois d’août dans ce procès historique suivi par toute la Guinée.

Pour mémoire, la répression par l’armée de la manifestation de l’opposition guinéenne organisée, le 28 septembre 2009 au stade du 28 septembre de Conakry, pour dénoncer le projet du chef de la junte militaire au pouvoir de se présenter à l’élection présidentielle, a fait plusieurs centaines de morts. Le Capitaine Moussa Dadis Camara était en ce moment-là, le chef de la junte.  

Thom Biakpa

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