La décision de la Cour d’appel d’Alger concernant Ihsane El Kadi, un entrepreneur médiatique, a suscité l’indignation et le désarroi parmi les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes, tant en Algérie qu’en Europe. La cour a alourdi la peine de prison de M. El Kadi, qui dirige l’un des groupes de presse en Algérie, Interface Médias.
Depuis le 29 décembre, il est incarcéré et sa peine a été portée à sept ans, dont cinq ans de prison ferme, soit deux ans de plus qu’en première instance.
En plus de la peine de prison, la justice a également ordonné la dissolution de la société Interface Médias, la confiscation de tous ses biens saisis, ainsi que des amendes à l’encontre de M. El Kadi et de ses entreprises.
M. El Kadi est accusé d’avoir reçu des fonds et des avantages de personnes et d’organisations, aussi bien en Algérie qu’à l’étranger, dans le but de mener des activités nuisibles à la sécurité de l’État et à sa stabilité, selon le premier verdict de la Cour d’Alger.
Cependant, les accusations portées contre M. El Kadi soulèvent des doutes quant à leur validité, car il n’y a pas de preuves documentaires étayant les allégations de financement étranger de son entreprise, remettant ainsi en question la légitimité de sa condamnation.
Amnesty International a critiqué avec véhémence en janvier l’incarcération injustifiée de M. El Kadi, dénonçant cette mesure comme un exemple supplémentaire de la campagne menée par les autorités algériennes pour réduire au silence les voix dissidentes par le biais de détentions arbitraires et de la fermeture des médias.
La communauté internationale ainsi que les organisations de défense des droits de l’homme, ont apporté son soutien à Ihsane El Kadi et le Parlement européen a adopté en mai dernier une résolution appelant à la libération immédiate et inconditionnelle de M. El Kadi, tout en exhortant les autorités algériennes à respecter la liberté des médias.
Cette prise de position a été qualifiée d’ingérence flagrante dans les affaires d’un pays souverain par le Parlement algérien, qui a catégoriquement rejeté le texte voté par les eurodéputés.
La décision rendue par la Cour d’appel d’Alger soulève ainsi de sérieuses préoccupations concernant l’état de la liberté de la presse et des droits de l’homme en Algérie.
Selon le classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023, l’Algérie se situe à la 136e place sur 180 pays.
Il serait primordial que les autorités algériennes observent la liberté de la presse et veillent au maintien équitable des processus judiciaires. En qualité de membre de la communauté internationale, l’Algérie devrait participer de façon active à la protection des droits fondamentaux de ses citoyens, incluant la liberté d’expression et la liberté de la presse.