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lundi, décembre 9, 2024
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Mali: La crise humanitaire s’aggrave dans le nord-est, 80.000 enfants confrontés à la malnutrition et à la maladie à Ménaka

La situation devient de plus en plus intenable pour les populations au nord-est du Mali/ photo: AP

Dans le nord-est du Mali, des groupes armés proches des organisations de l’Etat islamique ont assiégé plusieurs villes importantes, paralysant du coup les activités des populations. Dans ces villes assiégées, les assaillants y ont érigé des blocus qui empêchent les habitants d’aller et de venir librement. Cette situation a entrainé une crise humanitaire sans précédent dans cette partie du pays où les populations vivent la famine et la malnutrition.

A Ménaka, une ville du nord-est du Mali sous blocus depuis maintenant quatre mois, la crise humanitaire a connu un pic en raison de l’augmentation des prix des denrées alimentaires de première nécessité. D’autres produits essentiels comme les médicaments sont de plus en plus difficiles à trouver, selon les habitants et les organisations humanitaires.

Selon le groupe d’aide « Save the Children » qui s’est confié au confrère Associated Press, ce sont quelque 80 000 enfants qui étaient piégés dans la ville de Ménaka, confrontés à la malnutrition et à la maladie. Beaucoup d’entre eux n’étaient pas accompagnés, ayant fui la violence ailleurs.

« Les enfants de Menaka sont pris au piège d’un véritable cauchemar. Soyons clairs : si le blocus n’est pas levé, la famine et les maladies entraîneront des décès », a déclaré Siaka Ouattara, le directeur de l’organisation dans le pays.

Ayouba Ag Nadroun, un homme qui s’est réfugié à Ménaka pour échapper aux violences dans d’autres régions du pays, explique au confrère, qu’il était incapable de subvenir aux besoins de sa famille élargie d’une quinzaine de membres, dont beaucoup de femmes et d’enfants, et qu’il ne survivait que grâce à de rares aides. « Je n’ai pas de travail, comment puis-je les aider ? », s’interroge-t-il.

Quant au maire adjoint de la ville, Wani Ould Hamadi, il fait savoir que « la situation humanitaire est catastrophique, les personnes déplacées vont de maison en maison pour demander de la nourriture pour leurs familles. Les enfants sont menacés de famine ».

Pour sa part, Corinne Dufka, analyste du Sahel, explique que « les blocus soumettent les villageois à la violence, à la faim et à la peur et constituent depuis longtemps, une tactique utilisée par ces groupes djihadistes pour punir les communautés de ce qu’ils considèrent comme un soutien au gouvernement ». Elle ajoute que ces groupes djihadistes avaient souvent réussi à faire pression sur les communautés pour qu’elles signent des accords de non-agression avec eux.

Le Mali, à l’instar du Burkina Faso et du Niger qui forment l’Alliance des Etats du Sahel (AES), est en proie depuis plus d’une décennie à une insurrection menée par des groupes armés, dont certains sont alliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique. À la suite de coups d’État militaires dans ces trois pays ces dernières années, les juntes au pouvoir ont expulsé les forces françaises et se sont tournées vers les unités mercenaires russes notamment Wagner, pour obtenir une assistance en matière de sécurité.

Le colonel Assimi Goita, arrivé au pouvoir après un second coup d’état en 2021, a promis de repousser les groupes armés, mais les Nations unies et d’autres analystes affirment que le gouvernement a rapidement perdu du terrain. Il avait également promis de rétablir la démocratie dans le pays au début de l’année 2024. Cependant, la junte a annulé les élections prévues pour février 2024 pour une durée indéterminée, en invoquant la nécessité de poursuivre les préparatifs techniques.

Le mois dernier, la junte au pouvoir a ordonné l’arrêt de toutes les activités politiques et, le jour suivant, a intimé l’ordre aux médias de cesser de rendre compte des activités politiques.

Au regard de l’attitude adoptée par la junte au Mali sur les questions politiques, l’on peut affirmer sans risque de se tromper que le rétablissement de la démocratie dans ce pays, ce n’est pas demain, la veille.

Thom Biakpa

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