Le Mali est en état de sidération après l’exécution publique de Mariam Cissé, une jeune créatrice de contenus très suivie sur TikTok. La jeune femme, enlevée le 6 novembre à Tonka dans la région de Tombouctou, a été fusillée le lendemain par des jihadistes présumés, sous les yeux de la population.
Une scène d’une violence inouïe
Selon plusieurs sources concordantes, un membre de la famille, un élu local et une source sécuritaire cités par l’AFP, Mariam Cissé aurait été accusée de collaborer avec l’armée malienne. Son frère, témoin direct du drame, raconte que la jeune femme a été amenée à moto sur la place de l’Indépendance, où ses bourreaux l’ont exécutée froidement, devant une foule impuissante.
« C’est un acte de barbarie », a déclaré une source sécuritaire. Un responsable local, bouleversé, parle lui d’un « crime ignoble qui dépasse l’entendement ».
Une jeune femme libre et populaire
Âgée d’une vingtaine d’années, Mariam Cissé était connue pour ses vidéos simples et joyeuses, qui mettaient en lumière la vie quotidienne à Tonka et dans le nord du Mali. Sur TikTok, elle rassemblait plus de 90 000 abonnés, séduits par son ton naturel et son regard bienveillant sur la société malienne.
Son exécution a provoqué une vague d’émotion et d’indignation sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes lui rendent hommage, dénonçant une atteinte insupportable à la liberté d’expression et au droit de vivre en paix.
Un pays sous tension
Ce drame survient dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu. Depuis 2012, le Mali est en proie à une insurrection jihadiste menée par des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Ces derniers étendent leur emprise sur plusieurs régions du nord et du centre du pays, où ils imposent parfois leur propre loi.
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), principale coalition jihadiste du Sahel, mène depuis plusieurs semaines un blocus du carburant, asphyxiant l’économie et provoquant de graves pénuries jusque dans la capitale, Bamako.
Une stratégie d’intimidation
Pour les observateurs, l’exécution de Mariam Cissé s’inscrit dans une logique de terreur destinée à faire taire les voix libres et à renforcer la domination des groupes armés sur les populations locales.
Ce nouvel acte de violence accentue encore la pression sur la junte au pouvoir depuis 2020, déjà fragilisée par la crise économique, les sanctions internationales et la défiance croissante d’une partie de la population.
Thom Biakpa




