la campagne électorale en vue des législatives au Sénégal est marquée par des violences / photo: Reuters
À l’approche des élections législatives prévues le 17 novembre, le climat politique au Sénégal est particulièrement tendu. Malgré l’appel à une campagne électorale pacifique lancé par le président Bassirou Diomaye Faye, les premiers jours de la campagne ont été assombries par des actes de violence et des tensions croissantes. Le président a exhorté tous les Sénégalais, y compris les acteurs politiques de tous bords, à faire preuve de retenue et à privilégier le dialogue. « Les élections doivent être un moment de choix démocratique et de célébration, et non un prétexte à la discorde », a-t-il déclaré.
Cependant, cet appel à l’apaisement semble avoir été largement ignoré. Dès le début de la campagne, des incidents violents ont éclaté, accompagnés d’insultes et d’échanges houleux, tant dans les médias que sur les réseaux sociaux. La situation s’est aggravée avec l’incendie du siège du parti Taxawu Sénégal, dirigé par Khalifa Sall, ancien maire de Dakar. Ce dernier a exprimé son indignation face à ces événements : « Ce qui s’est passé ici est inacceptable, dangereux et criminel. Nous espérions une campagne sereine, où le débat d’idées aurait pu s’épanouir. »
Les racines de cette violence sont profondément ancrées dans une crise politique qui perduredepuis 2021. Selon l’expert électoral Djibril Gningue, cette montée des tensions est le résultat d’une polarisation exacerbée entre le pouvoir en place et l’opposition, qui a subi une défaite lors de la présidentielle de 2024. « Nous sommes toujours en proie à cette crise politique, et c’est cette polarisation qui alimente le regain de violence », a-t-il expliqué.
Pour tenter de maîtriser cette situation explosive, Djibril Gningue appelle à des mesures d’urgence. La société civile a prévu de déployer près de 1 000 observateurs à travers le pays pour surveiller les événements et alerter les autorités en cas de débordements. Les premiers jours de la campagne ont révélé une concentration inquiétante des incidents à Dakar, où les tensions politiques sont particulièrement palpables en cette période électorale.
Thom Biakpa