Ali Kushayb reconnu coupable de crimes de guerre et crimes contre l’humanité par la CPI/ L’Express
Le verdict est tombé ce lundi 6 octobre à la Cour pénale internationale : Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, connu sous le nom d’Ali Kushayb, a été reconnu coupable de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. L’ancien chef de milice janjawid, figure clé des atrocités commises au Darfour en 2003 et 2004, encourt la prison à perpétuité. Sa peine définitive sera prononcée dans les prochaines semaines.
Durant trois ans et demi de procès, Ali Kushayb a tenté de nier son rôle. Debout, les poings serrés, le regard impassible derrière ses lunettes, il a écouté le verdict, implacable : coupable à 27 reprises pour avoir dirigé et participé aux attaques contre des civils, ordonné des meurtres, des viols, des tortures, et orchestré des déplacements forcés de population. Il a également été reconnu coupable d’avoir distribué les armes aux miliciens janjawids et pris personnellement part aux massacres, hache et kalachnikov en main.
Malgré ses efforts pour nier être l’homme que les témoins ont nommé à de multiples reprises, les juges ont écarté sa défense. Son influence sur le terrain était telle qu’il participait même aux réunions gouvernementales avant les opérations militaires.
« Personne ne doit rester vivant »
La juge britannique Joanna Korner, présidente de la chambre, a rappelé la brutalité des faits. Elle a cité les noms de victimes et décrit en détail le rôle de l’accusé dans les attaques contre les villages de Kodoom et Bindisi. Ses ordres étaient clairs : « éradiquer, balayer, ne laisser personne vivant ».
Ce verdict marque une première : c’est le tout premier procès de la CPI visant un haut responsable soudanais. Trois autres anciens dignitaires du régime d’Omar el-Béchir, également accusés de crimes de guerre, restent à ce jour en fuite.
Justice après 20 ans d’attente
Pour les défenseurs des droits humains, ce jugement est une victoire, bien que tardive. Salih Mahmoud Osman, président de l’Association des avocats du Darfour, salue une étape majeure pour les victimes :
« Cela faisait longtemps que nous attendions ce moment. Il prouve que la justice finit par triompher, même après vingt ans. C’est un message clair pour tous ceux qui pensent être à l’abri. »
Mais l’avocat souligne aussi la gravité de la situation actuelle : les violences au Darfour continuent, et l’impunité demeure une réalité quotidienne.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a également salué la décision, y voyant un rappel fort que les crimes de masse contre les civils ne resteront pas impunis.
Thom Biakpa