Il y a 14 ans les Tunisiens chassaient du pouvoir, leur ancien président Ben Ali/ photo: Wikipédia
Le 14 janvier 2011, la Tunisie vivait un tournant historique avec la chute de Zine el-AbidineBen Ali, un événement qui marquait le début du Printemps arabe. Quatorze ans plus tard, la question se pose : que reste-t-il de la démocratie dans ce pays qui a été le premier à se soulever contre un régime autoritaire ?
Un parcours tumultueux
Après la révolution, la Tunisie a connu une période d’espoir et d’enthousiasme. Les élections libres de 2011 ont permis l’émergence de nouveaux partis politiques, dont le parti islamiste Ennahda, qui a joué un rôle central dans la transition démocratique. La Constitution de 2014, adoptée après de longs débats, a été saluée comme un modèle de compromis, garantissant les droits fondamentaux et les libertés individuelles.
Cependant, cette période d’optimisme a rapidement été assombrie par des défis économiques, sociaux et sécuritaires. Le pays a été confronté à des attaques terroristes, à une crise économique persistante et à des tensions politiques croissantes. Ces facteurs ont contribué à un sentiment de désillusion parmi la population, qui espérait des réformes concrètes et une amélioration de son quotidien.
Le coup de force de 2021
La situation a atteint un point critique en juillet 2021, lorsque le président Kais Saied a décidé de suspendre le Parlement et de prendre des mesures exceptionnelles, invoquant la nécessité de lutter contre la corruption et la crise économique. Ce coup de force a été perçu par beaucoup comme un retour à un régime autoritaire, remettant en question les acquis démocratiques de la révolution.
Depuis lors, Saied a concentré le pouvoir entre ses mains, modifiant la Constitution et limitant les libertés publiques. Les arrestations de personnalités politiques, de journalistes et d’opposants se sont multipliées, suscitant des inquiétudes quant à l’état des droits de l’homme en Tunisie. Les manifestations contre ces dérives ont été réprimées, et la société civile, qui avait joué un rôle crucial dans la révolution, se retrouve de plus en plus muselée.
Un avenir incertain
Aujourd’hui, la Tunisie se trouve à un carrefour. Les espoirs d’une démocratie solide semblent s’évanouir face à un régime qui privilégie la centralisation du pouvoir. Les Tunisiens, qui avaient bravé la répression pour revendiquer leurs droits, se sentent trahis et désillusionnés. Les sondages montrent une baisse de la confiance dans les institutions et une montée du mécontentement face à la situation économique.
Pourtant, malgré ces défis, la société civile tunisienne demeure active. Des mouvements de protestation continuent d’émerger, et des voix s’élèvent pour défendre les droits humains et la démocratie. La jeunesse, en particulier, joue un rôle clé dans la lutte pour un avenir meilleur, cherchant à redéfinir les valeurs démocratiques et à revendiquer un changement significatif.
Quatorze ans après la chute de Ben Ali, la Tunisie est confrontée à un dilemme : comment rétablir la démocratie et répondre aux aspirations de son peuple ? Les défis sont nombreux, mais l’esprit de la révolution demeure vivant. La route vers une démocratie véritable et durable est semée d’embûches, mais l’engagement des Tunisiens pour leurs droits et leur dignité pourrait bien être la clé pour redonner vie à l’espoir d’un avenir démocratique.
Thom Biakpa