Au Burkina Faso, une vidéo présentant des présumés VDP en train de mutiler un cadavre a suscité une vive émotion / Photo: Live News Africa
Une onde de choc a traversé le Burkina Faso suite à la diffusion sur les réseaux sociaux, en fin de semaine dernière, d’une vidéo troublante d’environ deux minutes. Celle-ci montre une dizaine de personnes se présentant comme des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) en train de mutiler un cadavre à l’aide de machettes. Face à cette situation alarmante, l’état-major burkinabè a annoncé, dimanche, l’ouverture d’une enquête pour établir l’authenticité et l’origine de la vidéo, afin que les responsables puissent être tenus pour compte si les faits sont avérés.
Dans la vidéo, des membres du groupe exhibent la tête et les membres supérieurs du cadavre comme des trophées, tandis qu’un participant s’exclame : « Nous les avons battus », en montrant du pied la tête décapitée. Un autre ajoute, dans une ambiance de célébration : « Tout va finir cette année. Que Dieu bénisse les VDP. » Les intervenants s’expriment en dioula, l’une des langues officielles du pays, mais aucun élément ne permet d’identifier le lieu, la date ou les auteurs de ces actes de violence.
Des activistes, réfugiés à l’étranger, ont dénoncé ces actes sur les réseaux sociaux, et la vidéo a également circulé dans des groupes privés sur WhatsApp. Cependant, de nombreux Burkinabè évitent de commenter des incidents impliquant les soldats ou les VDP, craignant d’être accusés de « démoralisation » ou d’« entrave à la lutte contre le terrorisme ».
La réaction de l’état-major, survenue dimanche soir, souligne que cet acte est « inqualifiable » et va à l’encontre des valeurs militaires et morales inculquées aux membres des forces armées et aux VDP. Il a également été précisé que de tels actes violent les règles d’engagement des unités sur le terrain. L’armée burkinabè, souvent accusée d’exécutions extrajudiciaires, a systématiquement démenti ces allégations, pointant parfois du doigt des groupes armés utilisant du matériel militaire.
Cette polémique éclate alors que le ministre burkinabé de la Justice, Edasso Rodrigue Bayala, a annoncé le 8 novembre, lors de l’adoption par l’Assemblée législative de transition d’un projet de loi sur les travaux d’intérêt général, que la question du rétablissement de la peine de mort est actuellement en discussion au sein de l’exécutif. Ce dernier envisage une modification du code pénal « pour s’aligner sur la vision et les instructions du chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré ». À ce stade, aucun détail sur le contenu de ce projet n’a été divulgué. Selon une source juridique, le retour de la peine capitale pourrait concerner des infractions liées au terrorisme, à la trahison, à l’intelligence avec des puissances étrangères, ainsi que des atteintes à la sûreté de l’État.
Cette situation soulève des questions cruciales sur les droits humains et la justice au Burkina Faso,dans un contexte déjà tendu par la lutte contre le terrorisme et les violences qui en découlent.
Thom Biakpa