Le chemin vers la présidentielle d’octobre 2025 en Côte d’Ivoire s’annonce semé d’embûches pour Tidjane Thiam/ photo: D.R
Tidjane Thiam, accueilli avec ferveur par les militants du PDCI-RDA lors de son retour en Côte d’Ivoire, a été plébiscité comme le 3ᵉ président du parti à l’issue du congrès extraordinaire du 23 décembre 2023, succédant à Félix Houphouët-Boigny et Henri Konan Bédié. Cependant, son ascension à la tête du PDCI ne s’est pas faite sans heurts. Dès le départ, il a dû faire face à des tensions internes, illustrées par la révolte de deux militants, Christophe Blesson et Matthieu Affroumou Ourah, qui ont conduit à la suspension du congrès du 16 décembre 2023.
Malgré l’enthousiasme de ses partisans, la réalité politique s’est rapidement révélée plus complexe. Jean-Louis Billon, un membre influent du parti, a intensifié la rivalité interne en critiquant ouvertement Thiam, remettant en question sa connaissance du terrain et sa gestion du parti. Ces attaques ont contribué à éroder l’image idéalisée que beaucoup avaient de l’ancien ministre du Plan.
Un coup dur pour Thiam
Un autre défi majeur pour Tidjane Thiam est la question de sa double nationalité, qui a suscité des interrogations sur sa légitimité à diriger le PDCI. Le 7 février, il a annoncé avoir entamé le processus de renonciation à sa nationalité française, déclarant : « Je suis candidat à l’élection présidentielle de Côte d’Ivoire en 2025. Nous avons donc effectué ce matin, en compagnie de mes conseils, une démarche importante dans ce processus, inscrite depuis longtemps dans le calendrier de mon programme et de mon action. Elle a consisté à déposer ma demande de libération de la nationalité française, ce qui me permettra d’être exclusivement ivoirien au moment de l’élection, une condition d’éligibilité ». Cette démarche vise à répondre aux exigences d’éligibilité stipulées par la constitution, qui précisent que toutcandidat à la présidence de la république doit être exclusivement ivoirien.
Des interrogations persistantes
Le processus de renonciation à la nationalité française soulève également des doutes quant à son timing. Un journaliste et analyste ivoirien a soulevé des questions sur la durée de ce processus se demandant s’il sera achevé avant les élections. En effet, selon le Code civil français, la renonciation à la nationalité peut prendre plusieurs mois et, en cas de refus, un recours peut être nécessaire.
Cette situation met Thiam dans une position délicate. Alors qu’il aspire à devenir une alternative crédible au président Ouattara, il doit naviguer à travers ces obstacles. Il a réaffirmé son engagement pour un changement significatif en Côte d’Ivoire, mais il est impératif qu’il obtienne une réponse rapide concernant sa renonciation, surtout avec la Convention du PDCI prévue pour le 5 avril prochain.
En somme, Tidjane Thiam se trouve à un carrefour crucial de sa carrière politique. Entre rivalités internes, questions de légitimité et délais administratifs, le chemin vers la présidentielle de 2025 s’annonce semé d’embûches.
Thom Biakpa