Agathe Habyarimana, la veuve du président rwandais Juvenal Habyarimana, aujourd’hui âgée de 82 ans/ AFP
Le 21 mai, la cour d’appel de Paris a pris une décision qui a suscité l’incompréhension et la consternation parmi les parties civiles dans l’affaire Agathe Habyarimana. Cette dernière, veuve de l’ancien président rwandais, est visée depuis 2008 par une plainte en France pour complicité de génocide et de crimes contre l’humanité, en lien avec le génocide des Tutsis survenu en 1994. Les juges ont rejeté la demande du parquet d’étendre l’enquête pour inclure les mois précédant le génocide, ce qui aurait permis d’examiner son rôle présumé dans la préparation de ces atrocités.
Agathe Habyarimana, âgée de 82 ans, est accusée d’avoir été une figure clé de l’Akazu, un cercle d’extrémistes hutu qui aurait orchestré le génocide. Philibert Gakwenzire, président de l’association Ibuka, qui regroupe les rescapés du génocide, a exprimé son désarroi face à cette décision : « Nous avons appris avec consternation la décision qu’il n’y aura pas d’extension, mais nous avons toujours de l’espoir. Elle a joué un rôle et elle doit répondre devant la justice. »
Les juges ont justifié leur décision en affirmant qu’il n’était pas pertinent de faire l’impasse sur les événements qui ont précédé le 6 avril 1994. Gasana Ndoba, ancien président de la commission des droits de l’homme au Rwanda, a également souligné l’importance de ce procès, espérant qu’il pourrait servir d’exemple pour d’autres cas similaires.
Malgré la possibilité d’un appel, les parties civiles craignent qu’un non-lieu soit prononcé dans trois mois, ce qui pourrait mettre un terme définitif à l’enquête. Dafroza Gauthier, une franco-rwandaise engagée dans la lutte contre l’impunité des génocidaires, a exprimé son découragement : « Ça nous coupe les jambes. Ce n’est pas la faute des parties civiles. Pour nous, il y a un gros souci. Est-ce que cette personne est protégée ? On peut le présumer. »
Cette décision soulève des questions sur la justice et la responsabilité des acteurs impliqués dans le génocide, laissant les victimes et leurs familles dans l’incertitude et l’inquiétude quant à l’issue de cette affaire qui dure depuis plus de 17 ans. Les parties civiles restent déterminées à poursuivre leur combat pour que justice soit faite.
Thom Biakpa