Au Kenya, la police dispersant les manifestants avec des gaz lacrymogènes lors des manifestations de la Journée Saba Saba, à Nairobi, le 7 juillet 2025/ AFP
Le Kenya a connu une nouvelle journée de mobilisation tragique le 7 juillet, marquée par des violences qui ont fait au moins dix morts et 29 blessés, selon un bilan de la Commission nationale des droits humains du Kenya. Ces manifestations ont été organisées pour commémorer le 35e anniversaire de Saba Saba, une date symbolique qui rappelle le soulèvement des Kényans en 1990 pour exiger le retour à la démocratie sous le régime autocratique de Daniel arap Moi.
À Nairobi, la police a déployé un important dispositif pour empêcher les rassemblements, bloquant les principaux axes d’accès au centre-ville, traditionnellement le point de convergence des manifestants. Malgré ces mesures, des affrontements ont éclaté en périphérie de la capitale entre les forces de l’ordre et des jeunes manifestants, qui scandaient des slogans tels que « Ruto doit partir » et « Wantam », signifiant qu’ils souhaitent un seul mandat présidentiel pour William Ruto.
Cette année, la commémoration de Saba Saba prend une dimension particulière, coïncidant avec une vague de contestation contre la politique de William Ruto, qui a été violemment réprimée. La Commission nationale des droits humains a également signalé la présence de bandes criminelles armées de « fouets, massues ou bois », opérant aux côtés des policiers à Nairobi. Ces groupes sont soupçonnés d’être impliqués dans des attaques contre des organisations de défense des droits de l’homme, notamment le siège de la Commission kényane des droits humains, attaqué la veille.
Les manifestants accusent les autorités d’utiliser des éléments perturbateurs pour discréditer leur mouvement, tandis que les autorités comparent les manifestations à une tentative de coup d’État. La police a annoncé avoir arrêté 567 personnes à travers le pays lors de ces manifestations antigouvernementales, affirmant que certains individus étaient déterminés à commettre des actes illégaux, y compris des pillages et des attaques contre des policiers.
Cette journée de mobilisation souligne les tensions croissantes au Kenya, alors que les citoyens continuent de revendiquer leurs droits et de s’opposer à ce qu’ils perçoivent comme une gouvernance répressive. Les événements de ce jour rappellent l’importance historique de Saba Saba dans la lutte pour la démocratie au Kenya, tout en mettant en lumière les défis actuels auxquels le pays est confronté.
Thom Biakpa