Des jeunes manifestants dans les rues de la capitale mozambicaine / Photo: AFP
La situation au Mozambique demeure tendue suite à la proclamation des résultats de l’élection présidentielle, qui a vu le parti Frelimo, au pouvoir depuis 1975, être déclaré vainqueur. Ce jeudi 7 novembre, une grande journée de manifestation est prévue, alors que le pays est en proie à une vague de contestation électorale. Selon l’Association médicale du Mozambique, cette répression a déjà causé la mort de 16 personnes et plus de 100 blessés.
Venãncio Mondlane, le candidat de l’opposition, a lancé un appel à la mobilisation pour dénoncer ce qu’il qualifie de fraude électorale. Les observateurs craignent une escalade de la violence, notamment de la part des forces de l’ordre. Dans une vidéo diffusée sur Facebook, Mondlane a déclaré que le 7 novembre serait « le jour de la libération du peuple mozambicain », promettant de bloquer toutes les principales avenues de Maputo jusqu’à ce que justice soit rendue sur le plan électoral.
L’Ordre des avocats du Mozambique a critiqué la gestion des manifestations pacifiques par la police, dénonçant une « impréparation totale ». Dans un communiqué publié le 5 novembre, ils ont évoqué des bavures, telles que des tirs à balles réelles et des gaz lacrymogènes utilisés à bout portant, qui ont causé des pertes humaines et des blessures comparables à celles d’un conflit armé.
De son côté, le gouvernement a reconnu qu’il y avait eu des « excès » dans certaines interactions avec les forces de l’ordre, mais a soutenu que ces actions étaient proportionnelles aux violences des manifestants. Cristóvão Chume, ministre de la Défense, a averti que toute menace à l’ordre constitutionnel entraînerait l’intervention des militaires, un message clairement adressé à ceux qui envisagent de manifester.
Les appels au calme se multiplient. L’ancien président Joaquim Chissano a exprimé ses préoccupations dans une vidéo sur les réseaux sociaux, soulignant que « l’heure est grave » et que forcer l’élection de son candidat pourrait s’apparenter à un coup d’État.
Dans un communiqué conjoint, les ambassades des États-Unis, du Canada, de la Grande-Bretagne, de la Norvège et de la Suisse ont exhorté toutes les parties à faire preuve de « retenue » et à respecter l’État de droit ainsi que la vie humaine.
Pour rappel, le Mozambique traverse une période de troubles depuis l’élection présidentielle du 9 octobre, que l’opposition a dénoncée comme frauduleuse. Par ailleurs, selon Netblocks, un organisme de surveillance de la gouvernance sur Internet, l’accès au web et aux réseaux sociaux reste très limité dans tout le pays, exacerbant les tensions.
Thom Biakpa