Un panneau publicitaire de l’entreprise dans un coin de rue.
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C’est un véritable pavé que vient de jetter l’ONG suisse Public Eye, dans la marre de la multinationale Nestlé. L’organisation dans un rapport publié, mercredi 17 avril dernier, reproche à la firme suisse spécialisée dans l’agroalimentaire, de commercialiser dans les pays du «Sud global» (les pays pauvres), des produits à base de sucre ajouté, en dépit des recommandations de l’OMS qui signalent la dangerosité de telles pratiques.
Selon l’enquête de cette ONG, Nestlé commercialise, en Afrique, en Asie et en Amérique latine, des produits pour enfants à base de sucre ajouté, sous forme de miel ou de saccharose à contrario de ceux vendus en Europe. Une pratique qui tend à conduire les enfants de ces pays pauvres à l’addiction au sucre, pourtant cause de plusieures maladies, notamment l’obésité.
Au Sénégal, l’information révélée par l’ONG suisse a créé l’émoi chez plusieurs internautes qui ont appelé au retrait immédiat des produits infantiles Nestlé du marché sénégalais.
L’ONG et le Réseau international d’action pour l’alimentation infantile ont passé au crible 150 produits commercialisés, par le géant agroalimentaire, au Sénégal, en Afrique du Sud, au Nigeria, mais aussi en Amérique latine. Le résultat selon cette organisation est implacable. La quasi-totalité des céréales Celerac pour bébé examinées, contiennent du sucre ajouté, soit près de 4 grammes par portion en moyenne, environ un carré de sucre, alors qu’elles sont destinées aux bébés dès six mois. Au Nigeria, ce sucre grimpe à 6,8 g et au Sénégal à 5,9 g pour la même bouillie.
Ce sont des taux de sucre beaucoup trop élevés et dangereux pour la santé, estiment les experts médicaux, alors qu’en Europe, ces mêmes produits sont commercialisés sans sucre et que l’Organisation mondiale pour la santé avertit qu’une exposition précoce au sucre augmente le risque d’obésité.
L’entreprise Nestlé, de son côté, affirme respecter les législations des différents pays. « Nous croyons en la qualité nutritionnelle de nos produits destinés à la petite enfance et privilégions l’utilisation d’ingrédients de haute qualité adaptés à la croissance et au développement des enfants », rassure l’entreprise.
Mais le problème, c’est que les pays africains pour la plupart ne disposent pas d’organe de contrôle. Or, sans organe de régulation de l’industrie alimentaire, comme c’est le cas au Sénégal, il est impossible d’obliger les entreprises à respecter certaines normes.
Ce jeudi 25 avril, la multinationale tient son Assemblée générale ordinaire. Il est certain qu’elle se déroulera dans une atmosphère assez agitée.
Thom Biakpa