A peine adoptée par le parlement, la nouvelle Constitution faisant passer le Togo du régime présidentiel au régime parlementaire a du mal à passer chez les partis politiques de l’opposition. Ils ne veulent pas entendre parler de cette loi qui, selon eux, est un stratagème du pouvoir pour permettre à Faire Gnassingbé de s’éterniser à la tête de l’État.
Pour marquer son désaccord vis à vis de cette nouvelle disposition, l’opposition togolaise a appelé, mercredi à manifester pour empêcher le président de la République de la promulguer, de sorte à éviter que cela n’elimine les futures élections présidentielles.
La nouvelle loi accorde au Parlement le pouvoir de choisir le président, supprimant de facto le suffrage universel direct. Il est donc probable que Gnassingbé soit réélu à l’expiration de son mandat en 2025.
Certains experts juridiques affirment que la Constitution restreint en fait le pouvoir des futurs présidents en introduisant une limite d’un mandat et en donnant plus de pouvoir à un personnage similaire à un premier ministre. Par ailleurs, l’opposition craint que la fonction de président du conseil des ministres ne devienne une autre voie pour Gnassingbé pour étendre son emprise sur le pouvoir.
La nouvelle constitution augmente également les mandats présidentiels de cinq à six ans. Les presque 20 ans de pouvoir de Gnassingbé, après avoir succédé à son père, ne compteront pas pour autant.
L’opposition et le clergé catholique estiment que cette loi est une stratégie de Gnassingbé pour prolonger son règne. Certains ont promis d’en empêcher la signature en appelant le peuple à descendre dans les rues.
« Nous savons que la lutte sera longue et difficile, mais avec le peuple togolais, nous ferons tout notre possible pour empêcher ce coup d’État constitutionnel », a déclaré Eric Dupuy, porte-parole du parti d’opposition Alliance nationale pour le changement.
« Nous appelons la population à rejeter cela, à s’y opposer massivement », a-t-il ajouté.
Mercredi, 27 mars, c’est à dire quelques 24 heures après l’adoption de la nouvelle Constitution par le Parlement, la police a interrompu à Lomé, une conférence de presse convoquée par l’opposition, expulsant les dirigeants et les journalistes.
Les évêques catholiques du Togo dans une déclaration, ont eux aussi dénoncé le fait que le mandat du parlement avait expiré en décembre avant les élections législatives du 20 avril et que les législateurs n’avaient pas le droit d’adopter une nouvelle constitution.
Les évêques ont exhorté Gnassingbé à retarder la signature de la nouvelle constitution et à s’engager plutôt dans un dialogue politique inclusif après le scrutin du mois prochain.
L’Assemblée n’a pas le pouvoir de réviser une constitution », a déclaré Zeus Ajavon, professeur de droit constitutionnel à l’Université de Lomé. « Le pouvoir de réviser la Constitution lui est conféré pendant son mandat. »
Ajavon a également fait savoir qu’un référendum était nécessaire pour que le pays adopte une nouvelle constitution.
Le Togo, qui compte environ 8 millions d’habitants, est gouverné par la même famille depuis 57 ans, d’abord par Eyadema Gnassingbé puis par son fils. Faure Gnassingbé est au pouvoir depuis 2005 après avoir remporté des élections que l’opposition a qualifiées de simulacre.
Thom Biakpa