Le 25 juin 1975 Maputo accède à son autonomie. La colonisation portugaise prend fin avec la montée au pouvoir de Samora Machel. Des années plus tard, les aspects politiques et sécuritaires de la Nation sur le tableau des interrogations.
En 48 ans de sa souveraineté le Mozambique a connu quatre dirigeants. Sous le règne de Samora Machel premier président et meneur de l’indépendance, le nationalisme occupe une position centrale dans la gestion du pays. Les vestiges de la colonisation portugaise sont mis à l’écart au profit du modèle mozambicain. L’armée nationale intègre dans ses rangs les ex combattants de la branche militaire du Front de libération du Mozambique (Frelimo), le parti politique ayant conduit la lutte pour la souveraineté du pays et dont Samora Machel en est le principal leader. Aussi, les vastes plantations jadis exploitées par les colons, sont réparties aux paysans locaux.
Le 06 novembre 1986, Joaquim Chissano prend le pouvoir pour la continuité du Frelimo. Il hérite d’un pays en pleine reconstruction perturbé par les conflits. Il défend le territoire tout en développant des secteurs de l’éducation et la santé.
En juin 2015 au cours d’un entretien accordé au journal Le Monde, l’ex-chef d’État a dressé un bilan succinct de son pays des années après son indépendance : « Un pays qui commence avec 90% d’analphabétisme, et qui possède aujourd’hui plus de 47 établissements d’enseignement supérieur, cela fait une différence. Un pays qui, il y a quarante ans, avait dans certaines zones un seul médecin pour des dizaines de milliers d’habitants, aujourd’hui, en a plusieurs par districts, ainsi qu’une faculté de médecine. Certes, il reste beaucoup à faire, notamment dans le domaine de l’éducation ».
Le règne d’Armando Guebuza, troisième dirigeant du Mozambique, a duré dix ans. Il aurait été caractérisé par la corruption de l’élite au pouvoir et de l’intrusion des proches du président dans les scandales financiers. Le journal africanews a listé dans sa parution du 12 décembre 2022, une panoplie de faits liés aux actes de corruption dans le pays. « Le gouvernement a dissimulé d’énormes dettes, déclenchant des ravages financiers pour le Mozambique…Le scandale – qui portait sur des sommes équivalant à environ 12% du produit intérieur-brut a fait basculer le pays dans la pire crise économique de son histoire ».
Filipe Nyusi l’actuel chef d’État au pouvoir depuis 2015 fait face à la rébellion armée dirigée par Ossufo Momade son principal opposant. Malgré l’accord de paix signé entre les deux hommes en 2019, les bribes de la contestation laissent des traces. La fragilité de l’unité nationale du Mozambique a développé le sentiment du repli identitaire chez les groupes soudés autour des leaders tribaux et extrémistes religieux. Ces derniers, constitués en milices, instrumentalisent les populations à travers les discours de haine en présentant leurs appartenances comme supérieures aux autres. Selon le rapport 2022 de Médecins Sans Frontières, une « nouvelle vague de violences a forcé 30 000 personnes à se déplacer ». La difficile cohabitation entre les citoyens perturbe la gouvernance de l’État, elle impose aux autorités de lourds moyens financiers pour combattre les rebellions.
Tchuisseu Lowé