Le nouveau président de la Commission de l’UA, félicité par ses pairs à l »issue de l’élection/ AFP
Mahamoud Ali Youssouf, le candidat djiboutien, a été élu président de la Commission de l’Union africaine (UA) lors d’un scrutin qui s’est tenu à Addis-Abeba, le samedi 15 février en marge d’un sommet de l’institution qui a réuni les chefs d’État africains. Il a remporté l’élection au septième tour avec 33 voix sur 49, succédant ainsi au Tchadien Moussa FakiMahamat, dont le second mandat prendra fin officiellement, le 15 mars prochain. La compétition a été particulièrement intense, se prolongeant jusqu’à la dernière minute.
Le suspense a été palpable jusqu’à l’annonce officielle de son élection, qui a été accueillie par des applaudissements. Mahamoud Ali Youssouf a réussi à obtenir le nombre de voix nécessaires après une série de votes serrés. Au premier tour, c’est le Kényan Raila Odinga qui avait pris la tête avec 20 voix, mais Youssouf a progressivement gagné du terrain, bénéficiant du retrait du candidat malgache, éliminé au quatrième tour. Raila Odinga, rétrogradé à la deuxième place à la fin du sixième tour, a dû se retirer conformément aux règles de l’UA.
Bien que Raila Odinga ait été considéré comme le favori, bénéficiant du soutien de l’EAC et d’une réputation internationale, son âge (80 ans) a pu jouer en sa défaveur. En revanche, Mahamoud Ali Youssouf, âgé de 59 ans, est un habitué des arcanes de l’UA, ayant exercé en tant que ministre des Affaires étrangères de Djibouti pendant deux décennies. Polyglotte, il parle couramment l’anglais, le français et l’arabe.
« C’est un jour historique pour notre pays », a déclaré Houmed Daoud Abdallah, porte-parole de la majorité présidentielle, exprimant l’euphorie qui règne à Djibouti. « Aucun Djiboutien n’avait jamais atteint une telle responsabilité à l’échelle continentale. C’est une immense fierté pour notre nation. »
Le président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, a également salué cette élection sur les réseaux sociaux, exprimant sa gratitude envers les chefs d’État pour leur confiance et leur soutien, et affirmant que le leadership de Youssouf servira l’Afrique avec dévouement et vision.
L’Algérienne Selma Haddadi a été élue vice-présidente de la Commission, remportant également 33 voix face à ses concurrentes marocaine et égyptienne.
Les défis qui attendent le nouveau président
Mahamoud Ali Youssouf prend ses fonctions à un moment critique pour le continent africain, confronté à de nombreux défis : conflits armés, coups d’État, tensions régionales et crises économiques. Parmi les dossiers brûlants figurent la guerre au Soudan, les tensions dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la montée du terrorisme au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, ainsi que les suspensions de plusieurs pays membres de l’UA, tels que le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Gabon, en raison de changements anticonstitutionnels de gouvernement.
Dans une interview accordée à un média français en décembre 2023, Youssouf avait déjà dressé un tableau préoccupant de la situation sur le continent, évoquant des crises politiques et des tensions entre États. Il avait souligné l’importance de « commencer par la paix et la sécurité » pour favoriser le développement économique, notamment à travers la mise en œuvre effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Les priorités de Youssouf : paix, sécurité et gouvernance
Dès son élection, Ali Mahamoud Youssouf a placé la paix et la sécurité au cœur de son agenda. « Sans stabilité, aucun développement économique n’est possible », a-t-il affirmé à plusieurs reprises. Il devra également œuvrer à renforcer la gouvernance sur le continent, en luttant contre les coups d’État et en promouvant des transitions démocratiques crédibles. La relance de la ZLECAf, dont la mise en œuvre peine à avancer, constitue également un défi majeur.
Par ailleurs, Youssouf devra naviguer dans un contexte international complexe, marqué par une réduction de l’aide américaine et une concurrence croissante des puissances étrangères en Afrique. Sa capacité à équilibrer les intérêts divergents des États membres de l’UA et à renforcer l’autonomie du continent sera cruciale.
L’élection d’Ali Mahamoud Youssouf ouvre un nouveau chapitre pour l’Union africaine. Avec son expérience, son pragmatisme et sa vision, il incarne l’espoir d’une institution plus efficace et proactive face aux défis du continent. Reste à voir comment ce diplomate déterminé parviendra à transformer ses ambitions en actions concrètes pour l’Afrique.
Thom Biakpa
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